Questions à la une (RTBF) du 11/02/2009.
La guerre des ondes, ça fait longtemps qu’on en parle. La science évolue, la législation change. Questions à la une revient sur un dossier en pleine actualité. Les ondes électromagnétiques,
une bombe à retardement ?
Il y a deux ans, le 24 janvier 2007 pour être précis, votre magazine favori avait déjà posé la question : "GSM, sommes-nous tous des cobayes ?"
Nous attirions alors l’attention sur les mises en garde d’une partie de la communauté scientifique à propos de possibles effets nuisibles de la technologie sans fil sur notre santé. Nombreux
étaient ceux, à l’époque, qui privilégiaient déjà le principe de précaution plutôt que le "on verra bien plus tard". Le "plus tard" étant devenu aujourd’hui, il nous paraissait intéressant de
refaire le point sur ce dossier pour trois raisons :
1 / la technologie évolue : il y a deux ans, on parlait à peine du wi-fi. Aujourd’hui, non seulement le wi-fi est généralisé mais on nous annonce le "wimax", un internet sans fil, infiniment
plus puisant, qui portera à des kilomètres…
2/ l’expertise scientifique s’affine : il y a deux ans, les scientifiques qui osaient s’opposer ouvertement à l’envahissement anarchique de notre environnement par la pollution
électromagnétique étaient rares. Aujourd’hui, ils sortent du brouillard, de plus en plus nombreux, preuves en mains, et leur discours se fait plus radical, plus insistant.
3/ la législation change. Tout dernièrement, le 15 janvier dernier, le fameux principe de précaution a été consacré par la Cour constitutionnelle de notre pays : elle a validé la norme de 3
volts par mètre recommandée par le Conseil supérieur de la santé en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques (contre la norme fédérale de 20,6 v/m). Cette décision importante a
automatiquement débouché les oreilles des politiques : jusqu’ici sourds aux appels de ceux qui évoquent depuis des années les risques encourus inutilement par la population, les ministres
compétents, dans les trois régions du pays, devraient désormais faire appliquer cette norme prochainement.
Une grande victoire pour les défenseurs de l’environnement ? Pas si vite... Dans l’enquête de Pascale Bollekens et Michel Renard, nous verrons, notamment, les inquiétudes des scientifiques qui
étudient les effets de l’UMTS sur les tissus vivants : "dix fois plus désastreux que le GSM pour les dommages causées à l’ADN et aux gènes", conclut le Professeur Franz Adelkofer, responsable
de l’étude européenne REFLEX, tandis que pour Paul Lannoye, physicien de formation, ex député européen, les normes sont encore mille fois trop élevées.
On s’en doute, l’enjeu économique est énorme et si les géants de l’industrie semblent avoir perdu une bataille sur le territoire de notre petite Belgique, ils n’ont pas pour autant perdu la
guerre des ondes. Une guerre mondiale, qui ne fait que commencer et dont on reparlera encore. Rendez-vous dans deux ans ?
Marc Bouvier, chef de production et responsable éditorial de "Questions à la une"