Publié le 25/05/2009 à 14:10 Reuters
Le "Grenelle des ondes" n'a pas permis de trancher le débat sur les effets sanitaires de la téléphonie mobile mais avance des propositions vers une meilleure prise en compte de cette question de société.
Le rapport publié lundi après plusieurs semaines de travaux se prononce ainsi pour l'interdiction de l'usage du portable à l'école primaire et pour la limitation de l'usage du portable classique par les enfants.
Des associations dénoncent cependant une "coquille vide", regrettant le refus du gouvernement de décréter un moratoire sur l'installation d'antennes-relais ou d'abaisser réglementairement leur puissance sur tout le territoire.
En conséquence, Priartem et Agir pour l'environnement ont annoncé qu'elles suspendaient leur participation au comité de suivi de cette table ronde réunissant des associations, des opérateurs et des élus.
Lors d'un point de presse, les ministres chargés du dossier ont répondu que le rapport publié lundi n'était qu'une première étape puisqu'il y avait un comité de suivi, et qu'il apportait un début de réponse sur de nombreux sujets.
"Le moratoire n'a pas fait consensus, ni l'abaissement des seuils", a déclaré la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, pour qui l'essentiel est "qu'un débat ait pu s'engager."
L'Agence française de sécurité sanitaire (AFSS) doit rendre en septembre un nouveau rapport sur la dangerosité des ondes émises par les antennes-relais.
Le rapport prône donc une expérimentation de l'abaissement des valeurs d'émission des antennes-relais au cours de l'été dans des villes pilotes.
PAS DE PORTABLE JUSQU'AU COLLÈGE ?
Plusieurs villes se sont proposées pour expérimenter des antennes au taux d'émission maximal de 0,6 volt/mètre, proposé par l'association Robin des Toits.
La norme européenne et française est de 61 volts/m pour la téléphonie mobile, mais certains pays sont bien en deçà.
Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de la prospective et du développement de l'économie numérique, il s'agit d'un pas "énorme."
Les associations se heurtent aux opérateurs de téléphonie mobile pour qui un éventuel abaissement du seuil implique des conséquences matérielles et économiques.
Le rapport propose donc l'instauration d'une redevance permettant de maintenir l'effort de financement assumé par les opérateurs, en particulier pour la recherche.
Les essais seraient toutefois assumés par les opérateurs.
"L'opérateur a suffisamment de marge pour pouvoir assumer ça (...) Ça coûte beaucoup plus cher à l'opérateur quand il faut retirer les antennes", a dit Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, sur la radio BFM.
De même, le gouvernement souhaite que les personnes dites électrosensibles soient mieux prises en considération. Elles se verront proposer une "prise en charge thérapeutique, médicale et sociale adaptée" à leurs symptômes.
Les élus locaux, pris entre la nécessité de combler les "zones blanches" où les portables ne passent pas et le désir de leurs administrés d'éloigner les antennes, verront leurs prérogatives renforcées.
Chantal Jouanno a plaidé pour que les enfants ne puissent pas avoir de téléphone portable "au moins jusqu'au collège.
"Au minimum, il faudrait interdire le téléphone portable dans les écoles. Ça passe aussi par l'information et ensuite par une offre sécurisée, d'un téléphone qu'on ne pourrait pas utiliser sans oreillette", a-t-elle expliqué.
Gérard Bon et Clément Guillou, édité par Yves Clarisse