Orange à nouveau attaqué pour une antenne relais
Olivier Chicheportiche, publié le 3 juin 2009
Sécurité - Le bras de fer continue entre le maire de Château-Thierry et l'opérateur historique. Une action en référé a été
lancée.
L'opposition à la présence d'antennes-relais de téléphonie mobile près de lieux sensibles comme les écoles ne faiblit pas. Après avoir été déjà condamné à démonter une antenne près d'Angers,
l'opérateur historique est aujourd'hui dans le collimateur du maire de Château-Thierry dans l'Aisne.
L'affaire débute en mai. Jacques Krabal, maire de la ville décide de fermer, temporairement, un établissement scolaire dont la localisation est jugée trop près d'une antenne. Selon le maire,
Orange avait "une autorisation d'exploitation à une distance de 98 m par rapport à l'école, alors que dans les faits, elle se situe à 68 m de l'école". Ce dernier met en avant une réglementation
européenne qui interdit l'installation de ce type d'antennes à moins de 100 mètres d'infrastructures scolaires et affirme que la mairie a été "frauduleusement influencée" par la notice
d'information technique d'Orange.
Aucune irrégularité
Malgré les négociations, Orange refuse de céder, arguant qu'il n'existe aucune réglementation européenne ou nationale fixant une minimale de séparation entre les antennes et les écoles. Chacun
campe donc sur ses positions.
Mais ce mardi, Jacques Krabal décide d'aller plus loin et a annoncé son intention d'attaquer en justice l'opérateur de téléphonie pour le contraindre à déplacer l'antenne-relais.
"Le conseil municipal décide d'engager au nom de la commune une action en référé contre la société Orange devant le tribunal de Grande Instance de Soissons. (...) L'action vise à ordonner à
Orange de déplacer cette antenne en vertu du principe de précaution et du trouble anormal qu'elle crée au voisinage", indique la municipalité dans un communiqué.
Orange affirme de son côté qu'il n'y a "aucune irrégularité" de sa part et que son dossier "est totalement conforme". L'opérateur s'est engagé à mettre en oeuvre une fois par an des mesures de
champ électromagnétique, antenne éteinte et allumée.
Grenelle des ondes
Cette affaire intervient au lendemain du Grenelle des ondes, réunion dont l'objectif était de trancher sur la question de la nocivité, ou non des ondes mobiles (terminaux et antennes). Rappelons
que les auteurs du rapport n'ont pas apporter de réponse claire, tant les études scientifiques sur le sujet sont contradictoires.
Les membres du groupe de travail prônent néanmoins une expérimentation de l'abaissement des valeurs d'émission des antennes-relais de 41 V/m à 0,6 V/m au cours de l'été dans des villes
pilotes.
Du côté des opérateurs, on souligne que cet abaissement aura mécaniquement des effets sur la couverture, notamment indoor. Ces derniers s'étonnent également de la multiplication des décisions de
justice défavorables (les trois opérateurs ont été condamnés à retirer des antennes un peu partout en France) alors que le gouvernement réclame une accélération de la couverture et donc du
déploiement des antennes.
Par Olivier Chicheportiche, ZDNet France