Par Catherine Gouëset, publié le 27/08/2009 12:00
'Les opposants aux antennes relais de plus en plus écoutés' - L'Express - 27/08/2009Au début des années 2000, une série de rapports officiels excluait tout risque sanitaire lié aux antennes relais. Des études plus récentes ont encouragé ceux qui soutiennent le contraire, soutenus désormais par des décisions judiciaires, comme à Paris cette semaine. Rappel des principaux jalons de cette bataille.
Janvier 2001: le rapport Zmirou, rédigé par un groupe d'experts, innocente les antennes relais, mais recommande, en vertu du principe de précaution, que les bâtiments "sensibles" (hôpitaux, crèches et écoles) situés à moins de 100 mètres d'une station de base (là où est installée l'antenne relais), ne soient pas atteints directement par le faisceau de l'antenne.
Mai 2002: rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques concernant le risque accru de cancer par les téléphones mobiles. Il conclut que huit études n'ont pas eu de résultats significatifs, et que certaines études qui ont eu un résultat positif sont sujettes à controverse de par leur méthodologie.
Novembre 2002: un rapport de l'Autorité de régulation des télécommunications (ART) pour l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) invalide l'hypothèse de risque sanitaire pour les riverains des antennes relais.
Mars 2003: Paris signe une charte de bonne conduite avec les opérateurs de téléphonie mobile exigeant que les habitants ne soient pas exposés à plus de 2 volts/mètre en moyenne sur 24h, un seuil très inférieur à la norme européenne de 41 V/m.
Avril 2003: un rapport de l'Agence Française de sécurité sanitaire snvironnementale (Afsse) sur les effets de la téléphonie mobile sur la santé établit que "le risque n'est pas quantifiable".
2004
Janvier: un rapport du Groupe consultatif sur les radiations non ionisantes britannique qui a passé en revue les études menées dans le monde depuis 2000 conclut à l'innocuité des téléphones portables et des antennes relais.
Avril: l'Association des maires de France et l'Association française des opérateurs mobiles (Afom) élaborent un guide des bonnes pratiques entre maires et opérateurs pour une plus grande transparence dans l'implantation des antennes relais.
Octobre: une étude scientifique suédoise établit qu'une exposition de plus de dix ans aux téléphones portables de la première génération double le risque de développer une tumeur bénigne.
2005
Janvier: la recrudescence de cancers pédiatriques observée à Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines) durant les années 90 résulte
d'une simple "variation liée au hasard" selon le rapport des experts dépêchés par le ministère de la Santé
Mai: une étude suédoise établit que les utilisateurs de portable dans les régions rurales auraient plus de risques de développer une tumeur au cerveau que les citadins, les portables fonctionnant avec une puissance d'émission plus élevée qu'en ville, pour compenser l'éloignement des antennes relais.
Juin: l'Afsse recommande de systématiser la délivrance de kits mains libres, et d'afficher du taux d'émission (DAS) sur les téléphones et les lieux de vente. Elle préconise de renoncer provisoirement à la fabrication et à la distribution d'appareils destinés aux enfants.
Etienne Cendrier de l'association Robin des toits est condamné par le Tribunal de grande instance de Paris à verser 5000 euros de dommages intérêts à Bouygues Télécom pour des propos diffamatoires. La décision est confirmée en avril 2007.
Août: les résultats préliminaires du programme international de recherches Interphone, lancé en 2000, indiquent qu'il n'y a pas de risque substantiel de tumeur durant les 10 premières années mais qu'un risque accru ne peut être exclu à plus long terme.
2006
Mai: poursuivi pour diffamation par Orange et SFR, Etienne
Cendrier, porte-parole de Robin des toits, est relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.
Septembre : un rapport mis en ligne sur le site du ministère de l'Écologie pointe le manque de rigueur et d'indépendance des experts de l'Afsset.
2007
Janvier: les résultats des recherches sur l'effet biologique des téléphones portables sont biaisés par leurs financements, selon une équipe de chercheurs suisses de
l'université de Berne.
Septembre : les résultats français de l'enquête Interphone, menée dans 13 pays, pointent le risque cancéreux pour les gros utilisateurs de téléphone mobile.
Octobre: une étude suédoise indique qu'au-delà de dix ans d'utilisation d'un cellulaire, le risque de développer une tumeur cérébrale maligne serait multiplié par deux.
Novembre: le comité hygiène et sécurité de la Ville de Paris vote le principe d'un moratoire sur le Wi-Fi dans les bibliothèques municipales parisiennes. Elles seront remises en service un an plus tard.
2008
Juin: 20 cancérologues lancent un appel pour
alerter les Français sur les dangers du portable. L'Académie
de médecine s'insurge contre cet appel jugé dramatisant.
Catherine Gouëset