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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 22:37

 

Le Dauphiné Libéré
Les prescriptions qui font l’objet d’une mise en demeure avaient été faites à la suite de la visite décennale du réacteur n° 2 de la centrale de Bugey. Photo DR

Les prescriptions qui font l’objet d’une mise en demeure avaient été faites à la suite de la visite décennale du réacteur n° 2 de la centrale de Bugey. Photo DR

Des prescriptions contre les inondations n’avaient pas été suivies...

C’est un des cauchemars des antinucléaires. Et si la centrale de Bugey venait à être inondée ? Aussi, la découverte par Bernard Laponche, physicien nucléaire et membre d’Europe Écologie les Verts, que la centrale nucléaire de Bugey était sous le coup d’une mise en demeure de la part de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) depuis le 19 février, a fait monter le parti écologique dans les tours. Le parti écologique a saisi l’incident pour dénoncer « la communication hallucinante d’EDF et le silence de l’ASN ».

Que s’est-il passé ?

EDF est mise en demeure de réaliser d’ici avant le 15 mai, les travaux permettant de protéger le bâtiment combustible du réacteur n° 5 et le local diesel du réacteur n° 3 de la centrale, vis-à-vis du risque d’inondation externe induit par un séisme, en conformité avec les dispositions de la prescription fixée par la décision de l’Autorité de sûreté nucléaire du 4 décembre 2012. Cette prescription faisait suite au 3 e réexamen du réacteur n° 2 de la centrale de Bugey, qui a reçu en juillet 2012 un avis favorable de l’ASN. Cet avis indique que malgré le vieillissement, le réacteur est apte à poursuivre son activité, mais sous conditions, parmi lesquelles les fameux travaux d’amélioration de sûreté au niveau du risque d’infiltration d’eau. « EDF avait jusqu’au 31 décembre pour les effectuer. Mais, en janvier 2013, les travaux n’avaient pas été réalisés » déclare Grégoire Deyirmendjian, chef de la division régionale Rhône-Alpes de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le gendarme du nucléaire a donc mis en demeure EDF. « C’est un moyen coercitif que nous avons utilisé sans aucune hésitation » ajoute Grégoire Deyirmendjian.

Et maintenant ?À la centrale on se défend d’avoir eu « une interprétation inappropriée de la prescription de l’ASN ». Sitôt connu, l’événement a été déclaré à l’ASN et une information publiée sur le site internet en février. Pour ces travaux, un dossier formel a été déposé à l’ASN car il y aura modification de l’installation. Les travaux n’ont pas encore démarré. Il faut maintenant le feu vert de l’ASN. La centrale assure être dans les temps.

Du côté d’EELV, Olivier Bertrand, conseiller général de l’Isère chargé de la coordination des élus écologistes dans les commissions locales d’information (Cli) auprès des centrales nucléaires, dénonce le manque d’information : « Cet incident devrait entraîner une réunion exceptionnelle de la Cli de Bugey. » EELV estime que « La discrétion sur une information de cette importance montre une fois de plus la volonté d’EDF de tenir le public à l’écart des réels risques liés au nucléaire. »

« C’est la première fois qu’une échéance de prescription n’est pas respectée, indique Grégoire Deyirmendjian. Au lendemain du 15 mai, l’ASN sera sur place pour vérifier la réalisation des travaux. L’élu d’EELV le promet également.

 

par Myriam KARSENTY le 23/03/2013

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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 08:49

Toutes les améliorations de sûreté recommandées, suite aux tests de résistance des réacteurs nucléaires de l'UE, doivent être mises en œuvre de manière urgente, estiment les députés dans une résolution adoptée ce jeudi. Ils insistent également pour que les exploitants des centrales nucléaires prennent en charge ces améliorations ainsi que les coûts dont ils sont responsables en cas d'accidents.




Amalia Sartori (PPE, IT), présidente de la commission de l'énergie et auteur de la question orale à la Commission débattue ce lundi, a demandé quelles conclusions des tests de résistance seront intégrées dans la révision prochaine de la directive sur la sûreté des installations nucléaires. Elle a également demandé des indications claires sur le calendrier et le contenu des propositions contraignantes en matière d'assurance et de responsabilité.

 

Mise en œuvre urgente d'améliorations en matière de sûreté

 

"Les tests ont révélé que la quasi-totalité des centrales doivent faire l'objet d'améliorations de sûreté propre à chaque site", estime le Parlement, qui demande avec insistance une mise en œuvre urgente des mesures de mise à niveau.

 

Les députés souhaitent que le groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG) ait un rôle prédominant dans le contrôle de la mise en œuvre des recommandations, tout en soulignant que "le coût de ces améliorations, quel qu'il soit, doit être pris en charge totalement par les exploitants des centrales nucléaires et non par le contribuable".

 

Lire la suite : link

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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 14:07

Le Dauphiné Libéré

L’usine nucléaire de Catternom en Moselle. Photo AFP/Jean-Christophe VERHAEGEN

L’usine nucléaire de Catternom en Moselle. Photo AFP/Jean-Christophe VERHAEGEN

 

Un accident nucléaire majeur en France pourrait coûter jusqu’à 5 800 milliards d’euros, selon un rapport confidentiel de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) cité dimanche par le Journal du dimanche (JDD).

Selon ce rapport, le coût d’un accident majeur pourrait aller de 760 milliards d’euros pour un «cas de base» à 5 800 milliards d’euros, soit l’équivalent de trois années de PIB, dans le cas d’une situation particulièrement catastrophique.

Dans une étude rendue publique il y a un mois, l’IRSN avait évalué le coût d’un accident nucléaire similaire à celui survenu en mars 2011 à Fukushima à environ 430 milliards d’euros.

L’économiste Patrick Momal, qui a travaillé sur les deux rapports, a expliqué au JDD que le chiffre de 430 milliards correspondait à un «cas médian» de rejets radioactifs comme ce fut le cas à Fukushima.

L’estimation de 760 milliards correspondrait en revanche plus au modèle de la catastrophe de Tchernobyl, où les rejets avaient été plus nombreux. En incluant l’impact sur les exportations et le tourisme, le chiffre pourrait même selon lui, atteindre 1 000 milliards d’euros.

Le pire des scénarios évoque l’évacuation de 5 millions de personnes

La facture pourrait même s’élever jusqu’à 5 800 milliards dans le pire des scénarios nécessitant l’évacuation de 5 millions de personnes. Le plus lourd tribut découlerait dans ce cas de l’impact économique sur la zone contaminée au césium, avec des coûts environnementaux et de santé explosant à 4 400 milliards d’euros.

Le rapport reconnait également que l’ampleur de la contamination et donc son coût pourraient varier fortement en fonction des conditions météorologiques, des vents dirigés vers les zones habitées constituant clairement le pire des scénarios.

Greenpeace a réagi en demandant à la ministre de l’Ecologie Delphine Batho de publier immédiatement l’intégralité du rapport «afin de le verser au débat en cours sur la transition énergétique».

«Il est irresponsable de cacher une telle situation aux Français qui auraient à payer les conséquences d’un accident grave pendant des décennies» ajoute Greenpeace dans un communiqué.

par AFP le 10/03/2013 à 11:41 
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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 23:12

Rue89   Thierry Ribault | Economiste au CNRS

Le CNRS a rendu accessible le 7 janvier un dossier scientifique multimédia sur l’énergie nucléaire, destiné au «  grand public  ». Chercheur au CNRS en poste au Japon, où je travaille sur les modalités de la protection humaine dans le contexte du désastre de Fukushima, je tiens à me dissocier des propos tenus dans cette «  animation  », destinée à domestiquer les masses et taire la véritable situation à Fukushima.

Dans ce dossier «  scientifique  » aux desseins animés, les affirmations dénuées d’argumentation et prenant des allures d’évidences indiscutables sont légion. Ainsi, il y est certifié que :

« Le nucléaire est un investissement politique sur le très long terme, qui impose des décisions sur plusieurs décennies, difficiles à remettre en cause même après un accident nucléaire majeur comme celui de Fukushima. »

On apprend également que :

« Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la catastrophe de Tchernobyl, paru en 2005 sous l’égide des Nations unies, a évalué le nombre de décès de victimes immédiates de l’accident à moins de 50, et à 2 200 celui de l’excès de décès entraîné par l’exposition à la radioactivité des 200 000 “liquidateurs” les plus exposés. »

Des estimations remises en question

Rappelons que ces estimations ont été contestées par l’Union of Concerned Scientists (qui annonce 25 000 morts), ou par l’Académie des sciences de New York (qui en annonce entre 211 000 et 245 000, 15 ans après la catastrophe).

En Ukraine, un rapport gouvernemental de 2011 rend compte de 2 254 471 personnes affectées par le désastre de Tchernobyl, dont 498 409 enfants. Entre 1992 et 2009, chez les enfants ukrainiens, les maladies endocriniennes ont été multipliées par 11,6, les pathologies de l’appareil locomoteur par 5,3, les maladies du système gastro-intestinal par 5, les maladies cardiovasculaires par 3,7 et les troubles du système urogénital par 3,6.

La proportion d’enfants présentant des maladies chroniques est passée de 21% à 78%, et sur les 13 136 enfants nés des «  liquidateurs  » de Tchernobyl de 1986-1987, 10% présentaient des malformations congénitales à la naissance.

Parodie de «  neutralité scientifique  »

Les Nations unies constituant par ailleurs manifestement l’unique source accréditée par les contrôleurs scientifiques du CNRS, pourquoi ces derniers ne se réfèrent-ils pas au rapport radionégationniste de 2011 de l’United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR) ?

Ce dernier fait état de 62 morts – 15 morts du cancer de la thyroïde et 47 morts parmi les secours d’urgence – en tout et pour tout en lien avec l’irradiation due à la catastrophe de Tchernobyl.

Faire état de quelques nuisances radio-induites supplémentaires ne peut, il est vrai, que servir la déplorable parodie de «  neutralité scientifique  » à laquelle ils s’adonnent, en concubinage avec leurs «  partenaires  » (CEA [Commissariat à l’énergie atomique], ANDRA [Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs], IRSN [Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire], EDF, AREVA).

« Domestiquer les masses  »

A Fukushima, selon le même dossier, «  une zone rouge de 20 km a été délimitée, dans laquelle le gouvernement travaille à la dépollution : nul ne sait quand les quelque 110 000 habitants seront autorisés à rentrer », sans que soit fait mention des vastes zones inhabitables situées à 40 km de la centrale et bien au-delà, et sans que soit rappelé que le critère de définition de la zone de migration obligatoire a été fixé à une dose de 20 millisieverts par an, soit quatre fois plus qu’à Tchernobyl et vingt fois la norme internationale d’inacceptabilité.

La fameuse «  non-imposition des valeurs  », à laquelle faisait référence Max Weber dans sa conférence de 1917, « La science, profession et vocation » (si chère à certains chercheurs du CNRS qui, récemment réunis en colloque, l’y revendiquaient encore), ne s’est, de fait, pas imposée dans l’élaboration de ce dossier sur le nucléaire, destiné plutôt, comme dirait Weber lui-même, à «  domestiquer les masses  ».

Ce que le dossier du CNRS se devait d’établir concernant le désastre de Fukushima, et que ses exécutants académiques ont choisi de ne pas dire, je souhaite le dire aujourd’hui après bientôt deux ans de travail sur place.

Fukushima  : les silences du CNRS

Le désastre de Fukushima, c’est une diffusion de césium 137 dans l’atmosphère 500 fois plus importante qu’à Hiroshima, d’après le physicien artisan du nucléaire japonais Anzai Ikuro. C’est aussi, selon le Norwegian Institute of Air Research, la plus grande émission de gaz rare xénon 133 connue en dehors des essais nucléaires : plus de deux fois les émissions de ce gaz à Tchernobyl.

C’est un tiers du département de Fukushima contaminé à un taux supérieur à 37 000 becquerels par mètre carré (pour le seul césium 137), et au moins treize départements contaminés, le tout représentant 8 à 10% du territoire japonais.

C’est 1 532 barres de combustible de 3 tonnes et de 4 mètres de long chacune, stockées dans la piscine du réacteur n°4, au cinquième étage d’un bâtiment qui menace, à la première secousse, de s’effondrer, suscitant ce commentaire laconique du Pr. Hiroaki Koide, spécialiste des réacteurs à l’université de Kyoto : « Ce serait la fin ».

Le 4 janvier 2013, le Pr. Koide reconnaît dans un entretien qu’il nous a accordé qu’«  il existe une marge de manœuvre, car selon TEPCO, si la piscine du 4èmeréacteur s’effondrait, ou même si toute l’eau de refroidissement s’échappait, tant que la disposition des barres n’est pas modifiée, la température peut monter jusqu’à 170°C ».

100 000 habitants de Fukushima qui ne peuvent pas partir

Le désastre de Fukushima, c’est 24 000 employés ayant travaillé sur les lieux depuis mars 2011, dont seulement 3,7% peuvent bénéficier d’un examen de détection de cancer proposé par les autorités et TEPCO. C’est, sur les deux millions d’habitants du département, seulement 100 000 réfugiés du nucléaire ayant migré à l’intérieur du département et 63 000 autres l’ayant quitté.

C’est seulement 10% des enfants du département déplacés en dehors de celui-ci. C’est un tiers des 300 000 habitants de la ville de Fukushima affirmant vouloir partir sans pouvoir le faire. Ce sont les aides au retour mises en place par le gouvernement, pour inciter les réfugiés à revenir dans des zones pourtant identifiées comme contaminées, et c’est depuis décembre 2012 la suppression de la gratuité des logements publics pour les nouveaux réfugiés hors du département.

Le désastre de Fukushima, c’est la mise en place de la plus grande enquête sanitaire sur les effets des radiations jamais conçue, qui permettra de collecter, d’ici 2014 et sur trente ans, les données relatives aux habitants du département, dont 360 000 enfants, les objectifs de l’équipe en charge étant de «  calmer l’inquiétude de la population  » et d’«  établir un record scientifique  ».

Sur les 80 000 enfants examinés pour la thyroïde, 39% présentent des nodules de moins de 20 mm et des kystes de moins de 5 mm d’épaisseur. Un premier cas de cancer de la thyroïde a été officiellement déclaré chez un enfant de moins de 18 ans le mardi 11 septembre 2012.

«  Les gens regardent ailleurs »

Le désastre de Fukushima, c’est cet habitant de la ville de Fukushima qui nous déclare lors d’un entretien, en novembre 2012, que le ghetto de Varsovie et les zones contaminées de Fukushima, c’est une seule et même chose  :

«  Les gens de l’extérieur savent que s’y trouve l’antichambre des camps de la mort, regardent ailleurs et continuent de certifier que le nucléaire, c’est incontournable.  »

Voilà la «  protection  » mise en œuvre à Fukushima, qui ne suscite que silence dans le dossier nucléaire du CNRS. «  L’ignorance c’est la force », disait Orwell. Dans cette situation d’effondrement de la conscience humaine, de grande inversion où le désastre est nié dans ses conséquences négatives, pour être transmué en opportunité d’affaires dans un milieu morbide auquel chacun est sommé de se soumettre, la prise de position en faveur de la vie est devenue un programme révolutionnaire.

Raccourcir la période de nocivité des managers de l’organisation des apparences, mettre en cause l’ensemble des intérêts qui gouvernent la dégradation du tout, tromper les trompeurs, renverser les inverseurs, évacuer les évacuateurs  : voilà ce que, à mes yeux, doit «  chercher  » à faire un chercheur au CNRS.

Non pas se contenter d’un engagement, piètre variante de la mise au service du nucléaire attestée ici par la mobilisation des scientifiques de caserne, mais, face aux actes déraisonnés des producteurs d’ignorance et à la déshumanisation qu’ils promeuvent, faire preuve d’un véritable enragement.

Source : http://www.rue89.com/rue89-planete/2013/01/16/fukushima-le-cnrs-tait-la-verite-et-domestique-les-masses-238627

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 23:42

Rue89   Isabelle Mahiou | Journaliste

Au centre de répartition téléphonique de France Télécom de Brune, en 2007 (CAPMAN VINCENT/SIPA)

 

Combien d’appareils contenants des éléments radioactifs ont-ils été installés dans le réseau et les centraux téléphoniques de France Télécom ? 20 millions ? 80 millions ? Et combien en reste-t-il ? Mystère.

Une chose est sûre, en revanche : l’opérateur n’a jamais vraiment pris la mesure du risque que pouvaient présenter ces petits appareils, les parasurtenseurs, destinés à éviter les surtensions sur les lignes, pas plus qu’il n’en a informé ses agents et n’a dispensé des consignes de protection.

Or, à plusieurs reprises ces vingt dernières années, des alertes ont été lancées en divers sites de l’entreprise sur un nombre paraissant anormal de salariés atteints d’un cancer.

Quatre agents décèdent à Saint-Nazaire

Au centre de construction des lignes de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) tout d’abord. Entre 1989 et 1995, quatre agents décèdent d’un cancer, deux autres sont atteints.

La CFDT PTT de Loire-Atlantique dépose plainte contre X pour empoisonnement. Elle met aussi en cause la politique de sécurité de l’entreprise sur la gestion des parasurtenseurs radioactifs, « jetés sur des tas de ferraille ».


La une de Santé & Travail de janvier 2013 

Le groupe confiera en 1995 une étude épidémiologique à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), dont les résultats seront publiés en… 2003.

En 1998, à Lyon, un médecin de prévention, qui enquête sur une « épidémie » de cancers du sein dans un service d’accueil, découvre « fortuitement » que les salariées ont travaillé dans des centraux où elles manipulaient des parasurtenseurs radioactifs, qu’elles portaient dans leur poche de poitrine.

Il réalise une étude qui relève un risque de contamination par du radium 226 et préconise un recensement exhaustif, une évaluation et un retrait des matériels. Sans effet.

Cinq techniciens atteints de tumeur à Riom

La question ressurgit en Auvergne, à Riom-ès-Montagnes : en 2006-2007, sur les six techniciens ayant travaillé sur ce site, cinq présentent des tumeurs.

Après enquête, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) fait jouer son droit à expertise.

Via la CGT, il sollicite aussi la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) pour analyser des parasurtenseurs qu’il a repérés. L’étude fait état de risques non négligeables.

Des substances radioactives

Ce faisant, le CHSCT Auvergne a ouvert une brèche. Celui de l’Hérault découvre ainsi l’existence des substances radioactives et vote en 2010 une expertise, sur le même modèle, après avoir constaté de nombreux cancers sur deux sites, à Béziers et Bédarieux.

Les expertises, menées par le cabinet Secafi, pointent un cumul d’expositions à des cancérogènes, dont les rayonnements ionisants.

Les premiers concernés sont les techniciens intervenant dans les centraux et les agents des lignes. Ils ont manipulé pendant des années ces parasurtenseurs, électrodes enfermées dans une enveloppe étanche contenant un gaz et des éléments radioactifs.

Jusqu’en 1978, année où ils sont interdits, les modèles en verre au radium 226, connu pour sa grande toxicité, ont été massivement utilisés. Puis ont dominé ceux au tritium, remplacés à leur tour par des appareils non radioactifs. Mais les différents modèles ont coexisté, puisqu’on trouve encore d’anciennes ampoules dans les boîtes de raccordement sur les lignes ou en stock, ou sous l’arrivée des câbles.

Dans les poches, entre les lèvres..

Dans les centraux, les techniciens travaillaient à proximité et au contact de ces composants sur les répartiteurs, murs de têtes de câbles d’où partent les lignes d’abonnés, chacune dotée de deux parasurtenseurs. Yves Le Dain, membre CGT du CHSCT de l’Hérault, explique :

« Un petit central à 5 000 abonnés contient 10 000 parasurtenseurs, mais en zone urbaine, certains en comptent 50 000, signale. Chaque intervention sur une ligne implique d’en manipuler, toujours de très près, les plus petits mesurant 15 millimètres. Le changement des modèles en verre se faisait à la pince, mais se terminait souvent à la main parce qu’ils se cassaient.

On en avait toujours à proximité : dans des bocaux sur les bureaux, sur des étagères, dans les poches, ainsi qu’entre les lèvres quand il fallait les changer juché sur une échelle. »

« Ils provoquent de la friture »...

Dominique Enjalbert, ancienne secrétaire CGT du CHSCT de l’Hérault, se souvient aussi de pics d’activité lors d’une campagne d’enlèvement des modèles en verre dans la décennie 1990, « sans autre information que “ils provoquent de la friture”. »

Sur le réseau, à l’extérieur, les parasurtenseurs se trouvent dans des boîtes, sur les poteaux, à l’arrivée chez l’abonné. Les agents en ont toujours un stock dans la voiture et quelques-uns dans les poches. Ils les manipulent fréquemment. Franck Refouvelet, membre CGT du CHSCT Auvergne précise :

« Tout incident sur une ligne demande de les tester. Il y a également des campagnes de contrôle systématique. »

Là aussi :

« Souvent les modèles en verre se cassaient quand on les retirait à cause de la corrosion. »

...et des contaminations internes ?

Entre contact direct avec des objets radioactifs, qui peuvent fuir ou se casser, et présence dans des locaux où des dizaines de milliers de parasurtenseurs sont susceptibles d’émettre des quantités significatives de rayonnements, les contaminations ne peuvent être exclues.

Pour Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur en radioprotection :

« L’absence de toute formation des agents aux risques présentés par les rayonnements ionisants a pu conduire à des contaminations au radium 226 par des dispositifs fuyards ou brisés. Ces fuites ont été mises en évidence lors d’une expertise de la Criirad.

On ne peut exclure l’existence de contaminations internes : si la main est souillée, tout ce qu’elle touche ensuite est contaminé et peut passer dans l’organisme. Sans compter l’inhalation de tritium ou de radon généré par le radium. »

L’hypothèse d’une irradiation n’est pas non plus à rejeter dans les centraux, pour les périodes antérieures aux campagnes d’enlèvement des années 80-90.

Il existe bien un lien avec les cancers

Mais pour évaluer le niveau d’exposition des salariés, il faut pouvoir préciser la façon dont ils ont manipulé les parasurtenseurs, la fréquence, la durée et les conditions d’utilisation…

Les reconstitutions de parcours d’expositions de salariés atteints d’un cancer, effectuées par le Giscop 93 dans le cadre des expertises de Secafi, éclairent cet aspect. Sur douze techniciens et neuf agents des lignes de l’Hérault, l’expertise conclut que :

  • une majorité de cancers peut être associée à des rayonnements ionisants ;
  • les autres à une polyexposition (amiante, hydrocarbures polycycliques aromatiques, arsenic, acides forts, trichloréthylène).

Il reste que, faute de traces dans l’entreprise des différentes activités et expositions, « si l’un de nous tombait malade, il n’aurait aucune possibilité de faire le lien avec son parcours professionnel », constate Yves Le Dain, qui réclame des fiches d’exposition et des attestations d’exposition aux rayonnements ionisants.

Mais pour l’entreprise, le risque n’existe pas

Mais pourquoi France Télécom fournirait-il de tels documents, puisque pour l’entreprise le risque n’existe pas ?

Une note de 1974, qui prescrit d’enterrer les ampoules fuyantes avant expédition à un organisme habilité à les détruire, dit que :

« La radioactivité dégagée par les parafoudres contenant du radium est inférieure à celle constatée sur les montres-bracelets à écran lumineux. »

Une autre, de 1999, en référence à une analyse de l’Office de protection contre les rayonnements ionisants (Opri), évoque la possibilité d’une exposition par inhalation en cas de bris et conseille le port de gants et d’un masque, mais envisage une élimination des matériels « au fil de l’eau ».

Enfin, en 2001, une note suggère des analyses pour évaluer le risque et l’élaboration d’une procédure de démontage-entreposage avec l’Opri et l’Andra(Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Tout en soulignant que :

« Le risque sanitaire est négligeable pour les personnels susceptibles de séjourner à proximité. »

L’entreprise choisit ses études

Il faut dire que les études commanditées par France Télécom ne sont pas alarmantes. Celle de l’Inserm, présentée au CNHSCT en 2003 et portant sur plus de 100 000 hommes ayant travaillé entre 1978 et 1994, ne retient pas l’hypothèse d’une origine professionnelle des cancers.

Même si elle montre qu’il existe un risque élevé de décès chez des agents de lignes pour les cancers de l’os et des cartilages – typiques des contaminations internes par le radium 226 – et significatif pour des cancers de l’appareil digestif et des poumons, organes radiosensibles !

En 2010, un rapport d’évaluation de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) conclut à l’absence de risque de cancers radio-induits. Les doses reçues par contamination seraient très faibles.

La direction du groupe par la voix de Jean-Marie Montel, délégué régional Auvergne, estime que :

« Les études de l’Inserm et de l’IRSN ont conclu qu’il n’y avait pas de danger. Il n’y avait pas de raison d’engager une démarche volontariste de retrait. »

Ce faisant, France Télécom ne tient visiblement pas compte d’autres études, telle celle faite en interne à Lyon en 1998, ou des mesures de la Criirad et de l’Institut de physique nucléaire de Lyon (IPNL) arrivant à des conclusions contraires sur la réalité du risque.

Les éléments radioactifs circulent toujours

Cela n’a pas empêché l’inspection du travail de la Haute-Loire de dénoncer les manquements de France Télécom à ses obligations.

Fin 2010, elle a mis en demeure l’unité d’intervention Auvergne de procéder à une évaluation des risques liés aux parasurtenseurs radioactifs, de prendre des mesures de prévention et de retirer les matériels. La direction a engagé un travail de recensement et d’enlèvement, non sans avoir contesté la décision.

Le département est pilote pour cette opération. Et il n’est pas sûr qu’elle se reproduise à l’identique dans toutes les régions, car elle est lourde. En 2012, une équipe a passé au crible les centraux et le réseau, établi des relevés caractérisant les boîtes, préalable au démontage et à l’évacuation vers des sites sécurisés avant tri par l’IRSN et acheminement vers l’Andra.

Au total, 1 600 boîtes et 32 000 parasurtenseurs devaient être récupérés, « soit environ 250 000 pour la région », indique Yves Colombat, membre du CHSCT Auvergne. Il y aurait donc bien plus de parasurtenseurs radioactifs dans l’Hexagone que le petit million avancé par le groupe :

« En s’appuyant sur d’anciens plans, on peut déduire qu’il y en avait dix fois plus dans les années 70 et 80, rien que pour le réseau ! »

Où sont-ils passés ? L’accord avec l’IRSN d’assistance à la gestion des parasurtenseurs à éliminer date de 2009. Pour Jean-Marie Montel :

« Le dossier est connu depuis 1999. Il y a eu des débuts de collecte, des stockages sans vraie maîtrise, mais l’absence de filière avec l’Andra pour ces objets nous a bloqués pendant plusieurs années. »

Les consignes antérieures d’élimination ont été inégalement appliquées : en Languedoc-Roussillon, aucun historique d’installation et de retrait n’a pu être fourni à l’expert. D’autre part, les témoignages des pratiques longtemps en vigueur font craindre que beaucoup ne soient partis à la poubelle. Si c’était le cas, plusieurs millions de ces objets auraient ainsi été disséminés dans la nature.

Source : http://www.rue89.com/rue89-eco/2013/01/08/france-telecom-un-risque-radioactif-occulte-malgre-plusieurs-alertes-238359

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 14:01

Mediapart  06 JUILLET 2012 | PAR MICHEL DE PRACONTAL

Au-delà des risques qu’il implique pour l’environnement et la santé publique, le nucléaire pose le problème de sa viabilité économique. Le rapport que Mediapart publie ici en exclusivitésynthétise un grand nombre de données chiffrées qui permettent d’évaluer les véritables perspectives industrielles du nucléaire, en France et dans les autres pays, au-delà des discours partisans et des arrière-pensées politiques.

Après Fukushima, où en est l’industrie nucléaire dans le monde ? Quel est son rythme de progression ? Est-elle toujours concurrentielle face à l’essor des énergies renouvelables ? De nouveaux pays s’apprêtent-ils à construire des centrales ? Faudra-t-il prolonger la durée d’exploitation de celles qui sont en fonctionnement ? Comment la gestion des déchets radioactifs affecte-t-elle l’ensemble de la filière nucléaire ?

Mycle Schneider en 2010Mycle Schneider en 2010© Boellstiftung

A toutes ces questions, le World Nuclear Industry Status Report 2012 apporte des réponses précises et documentées. Ce rapport, réactualisé chaque année depuis 2007 (deux éditions antérieures sont parues en 2004 et 1992), est l’œuvre de deux consultants indépendants dans le domaine de l’énergie : Mycle Schneider, qui étudie l'industrie nucléaire depuis trente ans, et que Mediapart a interviewé sur la situation au Japon et l’après-Fukushima (voir ici et) ; et Antony Froggatt, chercheur et écrivain spécialisé dans les questions de politique nucléaire, installé à Londres.

Si la catastrophe de Fukushima a mis le risque nucléaire et l’exigence de sûreté au premier plan, le rapport de Schneider et Froggatt se concentre sur l’analyse des variables économiques qui affectent le développement de l’atome civil. Disons-le d’emblée, ce rapport brosse le portrait d’une industrie en déclin, luttant pour sa survie dans un environnement de plus en plus défavorable, tant du point de vue des coûts de fonctionnement que de celui de l’opinion publique.

L’analyse de Froggatt et Schneider est à contre-courant des discours le plus souvent entendus en France, influencés par les avocats de l’industrie nucléaire. Elle démontre que l’idée d’une « renaissance nucléaire », mise en avant par le lobby de l’atome, relève plus de l’autopersuasion, du wishful thinking, que de la réalité chiffrée.

Lire la suite sur le site de Médiapart

SOURCE : http://www.mediapart.fr/journal/international/060712/lindustrie-nucleaire-nest-plus-competitive

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 10:30

AgoraVox le média citoyen  

Alors que les lobbies nucléaires, pratiquant un humour discutable, font remarquer la quasi absence de morts suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, les premières retombées sur la santé se font jour.

 On se souvient de la flagornerie d’Otsuka Norikazu,ce célèbre animateur de télévision japonais qui, cédant à la provocation facile, avait en direct mangé des produits agricoles japonais pollués par la centrale nucléaire, encourageant ses compatriotes à suivre son exemple, convaincu de l’innocuité des produits consommés, avec le désir patriotique de sauver la production agricole de son pays.

Mal lui en a pris, on apprend qu’il a été hospitalisé le 7 novembre atteint d’une leucémie aiguë et Tepcoaura des difficultés cette fois à affirmer que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’y est pour rien. lien

Les avis médicaux lui donnent 70% de « chances » de mourir d’ici 5 ans (lien) ce qui a été confirmé par des experts allemands. lien

On se souvient de la réponse donnée par le célèbre biologiste Jean Rostand à qui on demandait quelle dose de radioactivité on pouvait ingérer sans danger : « c’est comme si vous me demandiez quelle quantité d’arsenic un bébé peut absorber sans danger !  ».

Ce grand scientifique nous a quittés en 1977, et malheureusement, on a peu tenu compte de son avis et de ses écrits, lorsqu’il dénonçait les dangers évidents générés par l’industrie nucléaire. lien

Aujourd’hui le gouvernement japonais reconnait s’être trompé lorsqu’il affirmait qu’il n’y avait pas de risques à consommer de la nourriture polluée à la radioactivité sous le seuil des 500 Bq/kg.

On se souvient de la phrase célèbre prononcée par un responsable japonais : « à court terme, il n’est pas nocif  ».

Il s’excuse en disant maintenant qu’il a été mal compris et qu’il voulait seulement dire : « si vous consommez des produits pollués une ou deux fois, ce n’est pas dangereux, ça l’est seulement si vous le faites régulièrement  ». lien

Ce qui est un peu tardif, car aujourd’hui, 9 mois après la catastrophe, les produits radioactifs relâchés par la centrale ont été largement ingérés par les japonais.

On a aujourd’hui la preuve que la carte officielle de contamination radioactive a largement masqué la vérité, et grâce à des chercheurs japonais, nous pouvons comparer sur ce lien la réalité de la pollution et la désinformation gouvernementale.

La carte de gauche est la carte officielle, datant du 11 novembre, et celle de droite est celle de chercheurs japonais indépendants. (Il faut noter les différences de couleur entre les deux cartes : sur la carte de droite on va du bleu, lequel correspond à 10 000 Bq/m2 au rouge pour 50 000 Bq/m2 et plus, alors que la carte gouvernementale va du marron foncé au bleu)

Le professeur Yukio Hayakawa de l’université de Gunma à publié une carte encore plus précise, et a reçu un avertissement du président de son université pour avoir diffusé cette carte.

On voit clairement sur sa carte qu’il existe des zones polluées à 1µSv/h à 200 km de la centrale, ce qui signifie que la surface polluée du Japon est bien plus polluée que dit. lien

On est loin des propos lénifiants et cyniques de Jean marc Jancovici qui se refusait à donner autant d’importance à la catastrophe de Fukushima qu’à celle de Tchernobyl (lien) alors que le professeurChris Busby, de l’université de l’Ulster, avait déclaré en aout dernier que la catastrophe de Fukushimapourrait générer un million de morts. lien

En attendant, la vive lumière au sol, feu d’hydrogène pour certains, est toujours visible, (lien) et l’on a appris qu’il y a un différé de 30 secondes entre l’image prise, et l’image montrée, ce qui peut permettre à l’opérateur de cacher ce qu’il souhaite. lien

En mai dernier, un ouvrier de Fukushima, d’une soixantaine d’année est mort, tombé inconscient sur le lieu de travail, mais le porte parole de Tepco affirme que c’est sans rapport avec la contamination (lien) tout comme pour cet ouvrier de 50 ans, dont le nom n’a pas été communiqué, mort au début du mois d’octobre. lien

Et quid d’Abe Hiroto, décédé à 23 ans d’une leucémie aiguë après avoir défendu dans les colonnes d’un magazine pour pécheurs, (Rod & Reel) la qualité des poissons des pécheurs de la région deFukushima ? Il habitait à 30 km de la centrale nucléaire (lien) tout comme Nagashima Kazuyuki, un athlète de 30 ans qui risque aussi de mourir d’une leucémie aiguë.

On le voit sur ce lien combattre et triompher lors des 16ème Jeux Asiatiques de 2010.

Il est aujourd’hui à l’hôpital.

Et ne parlons pas de ces sauveteurs dont le gouvernement japonais tente de dissimuler la mort. lien

Mais plutôt que de continuer ce décompte macabre, il faut plutôt s’intéresser aux 17 780 travailleurs qui se relaient depuis 9 mois pour nettoyer les décombres de la centrale nucléaire.

Malgré les protections qu’ils ont fini par recevoir, ils sont au moins 169 à avoir reçu des doses supérieures à 100 millisieverts. lien

Il faut se souvenir aussi qu’à l’époque de Tchernobyl, les méthodes de « com » étaient les mêmes, on tentait de cacher en haut lieu le véritable nombre de morts, et ce n’est que 25 ans après que des chercheurs américains nous ont appris la triste vérité : 985 000 morts, chiffre dépassé depuis, dus à la catastrophe. lien

Et puis, au-delà de la mort, les pneumonies, les problèmes hormonaux se multiplient chez les 2 millions d’habitants de la région au point qu’un appel à été lancé.

« La santé de nos enfants est maintenant en danger. Nous constatons des symptômes tels que thyroïdes enflées, saignements de nez, diarrhées, toux, asthme… » lien

Un laboratoire français indépendant, agréé par l’ASN (autorité de sureté nucléaire), l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest) a mené une enquête sur une vingtaine d’enfants de la région de Fukushima démontrant que la totalité des enfants examinés étaient contaminés par du césium radioactif, et d’après une étude japonaise, 1 enfant sur 13 aurait des problèmes hormonaux et souffrirait d’un dysfonctionnement de la thyroïde.

Pour cacher la triste vérité, les « responsables » japonais ont multiplié par 20 la norme de radioprotection du secteur, passant de 1 à 20 millisievert/an, ce qui correspond au seuil maximum d’irradiation en France pour un travailleur du nucléaire.

20% des écoles de la préfecture de Fukushima dépassent ce taux.

La CRIIRAD à mesuré en juillet une contamination de 370 000 Bq/kg de la terre prélevée sous les balançoires d’une école primaire, et a déclaré : « ce sol est devenu un déchet radioactif qui devrait être stocké dans les meilleurs délais sur un site approprié ».

Le gouvernement qui devait organiser des mesures dans 600 lieux publics de la préfecture de Fukushimavient de reporter ces opérations à février 2012, justifiant le report en expliquant que l’entreprise qui devait fournir les équipements n’a pu respecter les délais de livraison. lien

D’ailleurs l’ambiance est à l’optimisme dans la ville de Fukushima, puisque le marathon Ekiden, prévu tous les ans, a été maintenu, et des sportives ont couru les 40 kilomètres dans l’une des régions les plus contaminées du Japon, des taux de 1,4 microsieverts/h y ont été mesurés, soit 12 fois la limite d’exposition.

L’organisateur de la course a toutefois pris la précaution de faire signer un document dégageant sa responsabilité, en cas de problème de santé. lien

Quant à Meiji, fabricant japonais entre autres de lait en poudre, il va devoir retirer 400 000 boites, lesquelles ont été contaminées au césium 137 et 137, espérant qu’elles n’ont pas déjà été consommées.lien

A Hitachinaka, à 100 km de la centrale, le taux de radiation est de 40 000 Bq/m2, soit 970 000 fois le niveau de 2009. lien

Quand aux 100 000 évacués, ils sont toujours sans nouvelles depuis 9 longs mois des indemnités promises par TEPCO, ce dernier ayant adopté une attitude pour le moins cynique, contestant la fiabilité des mesures effectuées, mais aussi assurant ne pas être responsable des matériaux radioactifs dispersés ça ou là, déclarant « les matériaux radioactifs qui ont été disséminés par le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima appartiennent aux propriétaires des terres où ils sont retombés, mais plus à Tepco ».lien

Pourtant Tepco avait vendu ses parts dans l’éolien, pour un montant de 188 millions d’euros, afin de pouvoir dédommager les victimes de la catastrophe nucléaire. lien

Tokyo n’a pas été épargné par la catastrophe, et on sait maintenant que dans le quartier de Shinjuku, le taux de radioactivité est encore de 17 000 Bq/m2 (lien) et que dans certaines régions montagneuses, du coté de Midori et Kiryu à 180 km de Fukushima, la radioactivité se situe entre 100 000 et 300 000 Bq/m2.

(Sur ce lien, on peut découvrir les résultats des mesures dans chaque préfecture.)

En attendant, le gouvernement tente manifestement de cacher ce qui attend la population japonaise, et lorsque l’on voit comment sont recrutés les « liquidateurs », à qui on a proposé jusqu’à 3500 euros par jour, (lien) on ne se fait guère d’illusion sur le terrible destin qui les attend, (ils absorbent en 15 minutesl’équivalent de 100 mS/v par an) et il est probable que tout sera fait pour que leur disparition soit cachée.lien

Car comme dit mon vieil ami africain : « l’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs ».

Merci à Corinne Py et aux nombreux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

source : http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/fukushima-les-limites-du-cynisme-106087


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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 22:41

Droit-médial.com

Écrit par Charles Duchemin   

Jeudi, 08 septembre 2011 06:35

nuage-radioactif.jpg


Les frontières naturelles ou politiques de notre territoire n'ont pas empêché les légions romaines, les Huns ou les Vikings de fouler nos verts pâturages. La ligne Maginot, elle-même, n'a pas réussi à repousser l'envahisseur teuton. Mais en 1986, un gouvernement a réussi à interdire l'entrée du territoire à un nuage radioactif venant de Tchernobyl ! Il aura suffi de quelques décisions dans les salons feutrés de la République pour que cette page de l'Histoire de la France soit écrite. Les salades, les champignons, le lait français n'ont pas été contaminés par les retombées, évitant aux forces vives de l'agriculture et du commerce nationales quelques mois sans profits. Des élus courageux ont su dire “non” à ce nuage sournois qui avait réussi à faire interdire la consommation de ces produits dans les pays voisins de l'Hexagone au nom de la santé publique. Il y a quelques siècles, ce phénomène aurait été qualifié de miracle et les décideurs sanctifiés, mais, de nos jours, il n'est question que de la gestion responsable d'un nuage de particules radioactives francophobes que les autorités ont menée avec brio...

Le grand public découvrait à peine Internet quand, le 26 avril 1986, le réacteur flambant neuf d'une centrale nucléaire ukrainienne partit en fumée. Pas de réseaux sociaux, pas d'accès à des sources d'information indépendantes, seuls les journaux télévisés de deux grandes chaînes de l'époque (le 19/20 de FR3 n'a commencé que le 6 mai 1986) et les grands quotidiens, habitués à taire grands et petits secrets d'État, étaient là pour apporter la bonne parole à une population naturellement inquiète. Les fidèles de la grand-messe du 20 heures ne pouvaient pas douter du professionnalisme de journalistes tels que Marie-France Cubadda ou Jean-Claude Bourret pour TF1, Bernard Rapp ou Claude Sérillon pour Antenne 2, sur les plateaux desquels les experts gouvernementaux se succédaient pour expliquer que tout allait bien.

Dans un pays dont les dirigeants successifs avaient fait le choix du nucléaire et souhaitaient vendre sa technologie, pas question de penser que cette énergie pouvait comporter des risques pour le territoire national. D'autant plus que la France n'était (et n'est toujours) pas un pays où l'on pouvait imaginer que des malfaçons touchent une centrale nucléaire, comme c'était le cas pour la centrale de Tchernobyl. Impossible aussi de croire qu'une série d'erreurs humaines puissent entraîner la destruction de toutes les coques de protection mises en place et que la santé de tout un chacun puisse être menacée à 2000 kilomètres du lieu d'une telle catastrophe alors que la centrale la plus proche de Paris ne s'en situe qu'à quelques dizaines de kilomètres. Tout cela ne pouvait arriver (n'arrive et n'arrivera) qu'aux autres. C'est ce que se sont sans doute dit, en toute bonne foi, les ministres de l'époque.

D'ailleurs, la cour d'appel de Paris vient de leur donner raison. C'est en toute logique qu'elle a prononcé un non-lieu, le 7 septembre 2011, dans la seule affaire dans laquelle ce fameux nuage faisait de l'ombre au seul responsable poursuivi : le professeur Pierre Pellerin, 88 ans, ancien responsable du service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI). Un homme courageux qui a dû se rendre au tribunal n'ayant pas la chance de pouvoir rester chez lui faute d'être atteint d'anosognosie, mieux conservé en cela que le premier ministre de l'époque, Jacques Chirac, à qui l'on reprochait d'avoir dit que les retombées radioactives épargnaient la France. Il n'est pas nécessaire de poursuivre une enquête qui n'aboutira à rien puisque les analyses scientifiques, en France, ne permettent pas d'établir un lien entre le passage du nuage radioactif et des maladies de la thyroïde, comme le soulignaient les recommandations du Parquet.
Face à une telle injustice, ne faut-il pas conseiller au professeur Pellerin de porter plainte à l'encontre de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) qui en 2006 a publié des cartes montrant les zones du territoire national les plus exposées aux retombées de césium 137 ? Ne faut-il pas encourager ce scientifique à traîner en justice l'endocrinologue corse qui a osé suggérer une augmentation du nombre de cas de pathologies de la thyroïde après 1986 sur l'île de Beauté, particulièrement touchée ? Tout comme les laboratoires Servier ont réussi à faire condamner l'éditeur du Docteur Irène Frachon pour la couverture du livre dans lequel elle dénonçait le scandale du Mediator, Pierre Pellerin pourrait sans doute obtenir justice...

Mais en attendant, il faut rendre hommage aux hommes et aux femmes qui géraient les affaires de la France à cette époque, car ils ont su faire preuve de sang-froid face à ce nuage s'échappant d'un brasier atomique. Il est important de citer quelques-uns de ses élus que l'on ne remercie pas assez souvent : François Mitterand, alors président de la République ; Jacques Chirac, premier ministre, comme cela a déjà été dit ; Michèle Barzach, ministre de la santé ; Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur et bien d'autres ministres ou secrétaires d'État, comme Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie, Gérard Longuet, André Santini et tous les autres.

Il faut se réjouir que, dans cette affaire, il n'y ait aucun responsable et aucun coupable, juste des “présumées” victimes. Il est vrai qu'après l'affaire du sang contaminé et de ses « responsables, mais pas coupables », qui avait touché le gouvernement sortant (celui de Laurent Fabius, auquel appartenaient Georgina Dufoix et Edmond Hervé), une nouvelle mise en cause du pouvoir politique aurait été des plus malvenue. Elle n'aurait pas empêché les uns et les autres de poursuivre leur carrière au plus haut niveau, mais elle aurait pu entamer la confiance sans faille qu'ont les citoyens en leurs dirigeants.

Quelles leçons tirer de ce passé ?
Les accidents nucléaires ne peuvent survenir qu'à des milliers de kilomètres de la métropole, l'accident de Fukushima en est la preuve.
Les techniciens français, dont la compétence est reconnue dans le monde entier, sont à l'abri de toute erreur humaine.
Si les autorités japonaises ont été assez naïves pour croire d'une seule coque pouvait permettre de confiner un réacteur, les autorités françaises ne font pas la même erreur. Les centrales françaises sont à double coque et leurs systèmes de sécurité sont à toute épreuve. Les experts sont formels sur ce point, aussi sûrs d'eux que l'était le professeur Pellerin quand il parlait des retombées radioactives.
C'est uniquement grâce à l'efficacité du formidable système de santé français que le nombre de cancers de la thyroïde a augmenté après 1986. Pour les experts de l'Institut national de veille sanitaire (InVS), établissement public placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé qui a conseillé le gouvernement au moment de la grippe H1N1, c'est l'évolution des pratiques médicales qui a permis un meilleur dépistage de cette pathologie à l'origine de cette augmentation.
La justice française est des mieux armée et totalement indépendante pour gérer les affaires qui touchent à la santé publique, surtout lorsqu'elles s'accompagnent d'un volet politique.
Il n'y a pas eu de victimes de la catastrophe de Tchernobyl dans l'Hexagone grâce à des décisions gouvernementales, aussi discrètes que courageuses.

Douce France..

SOURCE : http://droit-medical.com/actualites/27-humeur/959-france-sans-nuage


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8 septembre 2011 4 08 /09 /septembre /2011 22:30

Accueil  Par Michèle Rivasi | Députée européenne | 08/09/2011 | 17H30

La centrale de Tchernobyl et son sarcophage, le 24 février 2011 (Gleb Garanich/Reuters).

C'est officiellement la fin du long épilogue entourant le fameux nuage radioactif de Tchernobyl en France. Enfin, du moins, la fin que l'Etat souhaiterait nous faire accepter comme vérité historique. Après dix ans de lutte judiciaire, c'est la désillusion de troppour l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et la Criirad. Les associations se pourvoiront en cassation, et, en dernier recours, nous ne pourrons que saisir la Cour européenne des droits de l'homme.

Alors que le procès du professeur Pierre Pellerin (seul responsable désigné de ce célèbre mensonge d'Etat) finit par un non-lieu, il convient de s'intéresser de près à cet évènement majeur disculpant l'énergie nucléaire et les méfaits de la radioactivité, pourtant bien connus. Ce procès devait faire date, mais l'Histoire ne retiendra qu'une chose : là où s'implante le nucléaire, la démocratie s'efface.

Une réaction française bien différente de celles de nos voisins

Si j'ai créé la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), c'est bien parce que j'ai pu constater – en tant que scientifique – que les retombées radioactives étaient bien plus lourdes que ne l'avançait l'Etat français, et dépassaient les normes fixées par l'Union européenne.

En Europe, la France a fait figure d'exception, sûrement parce qu'en avril 1986, 23 réacteurs nucléaires étaient en construction, ou en projet de construction.

Alors que nos voisins ont interdit la consommation d'aliments contaminés aux populations les plus vulnérables, alors que le mois d'avril connaissait une météo propice à la fixation des retombées radioactives (bruines et brouillards), alors que la production laitière battait son plein…

L'Etat français n'a rien fait pour protéger les premières victimes de ce mensonge : les enfants en bas âge. Si ceux-ci n'avaient pas consommé d'aliments contaminés et avaient été confinés chez eux, ils seraient aujourd'hui en parfaite santé.

Simulacre de procès, influence de l'oligarchie nucléaire

En 2006, pourtant, une étude épidémiologique de l'Institut national de veille sanitaire (INVS) aurait dû tous nous rassurer. Mais quand on s'intéresse de près à ce document, avec un œil d'expert, on remarque que la méthode employée n'est pas valide : l'espace de temps utilisé par l'étude est trop court et le questionnaire employé insignifiant.

En réponse à cette étude déclarée officielle, et dans le cadre du procès Pellerin, la juge Bertella-Geoffroy a mandaté les professeurs Pierre-Marie Bras et Gilbert Mouthon afin de vérifier si l'on pouvait démontrer un lien de cause à effet entre le nuage radioactif et l'augmentation des troubles thyroïdiens.

Cette étude a pu s'effectuer grâce au travail réalisé par le premier et seul endocrinologue installé en Corse (le docteur Fauconnier, que la France entière devrait saluer), qui a permis de comparer les troubles avant et après le 24 avril 1986. Sur un échantillonnage de 2096 dossiers, ce rapport, révélé en août dernier a démontré une hausse de 44% à 100% des troubles thyroïdiens après le passage du nuage radioactif.

La Corse va lancer une vraie étude épidémiologique

Mais voilà, la cour d'assises ne s'est que contentée de suivre les recommandations du ministère public, qui estimait en mars dernier que les scientifiques n'avaient mis en évidence aucune conséquence sanitaire mesurable. Selon une source proche du dossier, le rapport d'août dernier n'a été ni étudié, ni pris en considération par le magistrat qui a rendu la décision de mercredi.

Rien de bien étonnant, puisque la juge Bertella-Geoffroy avait été dessaisie de son travail sur Tchernobyl quatre jours après la catastrophe de Fukushima et quinze jours avant le renvoi du procès de mercredi. Inquiétant. La population corse rejette ces conclusions, et l'Assemblée territoriale corse s'apprête à débloquer le mois prochain 400 000 euros pour lancer un appel d'offre afin de réaliser une véritable étude épidémiologique.

Au Japon, mères inquiètes, médecins écœurés

L'Etat japonais est allé loin dans le cynisme pour éviter l'affolement de la population : les pastilles d'iodure de potassium qui évitent la fixation d'iode radioactif sur la thyroïde n'ont pas été distribuées automatiquement à tous ceux qui auraient dû en prendre.

Face à des autorités empêtrées dans des déclarations douteuses et minimisant l'impact réel des retombées de Fukushima, des mères inquiètes, des médecins écœurés par la désinformation et de jeunes militants s'engagent pour contrer la fatalité qui leur est imposée.

Tout comme dans le cas français, l'Etat n'a pas souhaité indemniser les agriculteurs afin de les dissuader de revendre leur production contaminée. La radioactivité se retrouve ainsi dans la chaîne alimentaire, sans qu'aucun contrôle sérieux ne soit effectué.

Des bénévoles japonais en formation en France

Avec le soutien technique de la Criirad (qui a notamment effectué un don de matériel à hauteur de 10 000 euros), une équipe de bénévole japonais est venu suivre une formation de quatre jours en France, afin d'être formés dans le domaine destechniques de mesure de contamination et de radioprotection. En effet, les autorités japonaises ont effectué une évacuation forcée dans un périmètre trop restreint et n'offrent aucune possibilité de relogement à ceux qui vivent dans des zones pourtant bien contaminées.

Regroupés au sein du CRMS (Citizen's Radioactivity Measuring Station) les militants du « Projet 47 » (du nom des 47 préfectures japonaises) et le Réseau citoyen pour sauver les enfants de Fukushima cherchent à collecter des fonds pour acheter du matériel de détection. Leur but principal est de minimiser l'exposition des habitants de la préfecture de Fukushima jusqu'à leur évacuation des zones contaminées en avril prochain (début de l'année fiscale et scolaire au Japon).

Encore une fois, le cynisme des autorités empêchera de parvenir à la création d'une véritable étude épidémiologique, à partir de laquelle nous pourrions tirer des enseignements primordiaux en cas de nouvelle catastrophe nucléaire. L'Histoire se répète…

Photo : la centrale de Tchernobyl et son sarcophage, le 24 février 2011 (Gleb Garanich/Reuters).

SOURCE : http://www.rue89.com/michele-rivasi/2011/09/08/tchernobyl-fukushima-on-ne-peut-plus-se-fier-a-letat-221160

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 22:06

Accueil   Par Corinne Lepage | Présidente de Cap21 | 02/09/2011 | 19H10

Fleurs de cerisier à Tokyo (David Lee/Picasa)

Depuis plusieurs semaines déjà, la catastrophe de Fukushima ne fait plus la une de l'actualité. Pour l'immense majorité de nos concitoyens, la question est réglée et il va quasi de soi que Tepco, et Areva pour ce qui est du traitement des eaux polluées, maîtrisent parfaitement la situation.

Les personnes qui devaient être évacuées l'ont été, le taux de radioactivité baisse et le Japon, vu de France, est prêt à faire redémarrer des centrales. Du reste, régulièrement, la presse, informée par les soins du lobby nucléaire français, indique que telle ou telle centrale va redémarrer.

Cela est dramatiquement et tragiquement faux.

Des millions de mètres cube d'eau contaminée

Tout d'abord, les autorités japonaises - j'ai rencontré le secrétaire d'Etat à l'Environnement, le vice-ministre de l'Environnement et le vice-gouverneur de Fukushima - reconnaissent que la catastrophe est en cours et que rien n'est réglé.Les informations sont très rares.

Les autorités admettent que trois cœurs nucléaires ont fondu et que les cuves ont été transpercées. Cependant, ils ignorent ce qu'il se passe aujourd'hui, en particulier ce point vital de savoir si le radié a été percé par le corium ou non, ce qui signifierait, bien entendu, la pollution irréversible de la nappe phréatique.

Concernant le traitement de l'eau, Greenpeace considère qu'il vient à peine de débuter. Les autorités reconnaissent l'entassement de boues radioactives dont évidemment personne ne veut parler mais aussi les millions de mètres cube d'eau contaminée.

Les dosimètres encore bloqués à l'aéroport

En second lieu, et c'est tout aussi préoccupant, la situation des familles qui vivent dans la région de Fukushima est, au sens propre du terme, véritablement tragique. J'ai passé près de deux heures avec l'association, qui regroupe plusieurs centaines de familles et qui est animée par des femmes déterminées et révoltées.

On peut les comprendre. Ce qui leur est arrivé rappelle de très près ce que nous avons vécu avec Tchernobyl et la manière dont les choses se mettent en place nous renvoie au spectre du passé.

Tout d'abord, et même si on peut comprendre que, vivant en même temps un tremblement de terre et un tsunami, la situation était passablement désorganisée, l'organisation météorologique japonaise était tout de même dans l'incapacité suspecte de fournir les cartes des vents au moment de la catastrophe de Fukushima. Les populations n'avaient aucune idée d'où venaient les vents.

Aucune instruction ne leur a été donnée, aucune pastille d'iode ne leur a été distribuée. Il a fallu attendre plus d'un mois pour qu'elles puissent disposer d'une information publique sur le niveau de contamination et aujourd'hui, ce sont 40 000 dosimètres qui restent bloqués par décision politique à l'aéroport de Tokyo. Les familles ne savent donc pas quel est le niveau de la radioactivité dans laquelle elles vivent.

Les mères inquiètes pour leurs enfants

Sur le plan de l'alimentation, des prélèvements sont faits mais leurs résultats sont donnés bien après que les aliments ont été mis sur le marché et consommés. L'essentiel pour ces mères est, bien entendu, la situation de leurs enfants.

Voyage de Corinne Lepage au Japon

Au Japon, comme partout dans les pays membres de l'AIEA, le niveau admissible pour les populations est de 1 millisievert par an. Il est de 20 millisieverts pour les travailleurs du nucléaire. Aujourd'hui, dans les zones où vivent ces gens, dans la préfecture de Fukushima, le niveau est largement supérieur avec 5 millisieverts, jusque parfois 20 millisieverts.

Ces femmes exigent pour leurs enfants comme pour elles-mêmes le droit de vivre dans un environnement à 1 millisievert. Le problème est que personne n'a les moyens de répondre positivement à leurs questions.

Il faut envisager une évacuation plus large

Deux solutions sont envisageables : soit la décontamination - et on en parle beaucoup au Japon - soit l'évacuation. Il semblerait que quelques cours de récréation aient fait l'objet d'une décontamination, qui consiste à retirer 50 à 60 cm de terre, dont on ne sait du reste pas où on va la stocker.

Cela permet de réduire le niveau de la pollution. C'est peut-être possible au niveau local avec des résultats qu'il conviendrait de vérifier. C'est évidemment impossible à l'échelle d'une préfecture entière.

De ce fait, c'est bien la deuxième solution qu'il faut envisager. Elle consiste bien évidemment à permettre aux gens qui le veulent de partir. Mais pour qu'ils puissent s'en aller, encore faut-il leur permettre d'aller vivre ailleurs.

La vérité de la situation, et c'est là tout son aspect tragique, c'est que les autorités japonaises font ce qu'elles peuvent dans une certaine mesure. Toutefois, puisque l'information est confisquée, les moyens donnés aux gens pour connaître la réalité de la situation leur sont refusés.

Les agriculteurs pas indemnisés

Du point de vue du changement et des décisions techniques à prendre, le monde agricole n'est pas en reste et devient lui aussi victime de la défaillance des autorités.

La préfecture de Fukushima promeut les produits agricoles de la région de Fukushima et se plaint des mauvaises rumeurs qui les concernent. Il m'a été fait cadeau d'un magnifique cageot de pêches. La vérité est, bien entendu, que l'immense majorité des produits de cette zone ne devrait pas être consommée mais pour qu'ils ne le soient pas, encore faut-il que les agriculteurs qui les produisent puissent être indemnisés et gagner leur vie. Or, tel n'est pas le cas.

Cette situation absolument tragique à laquelle est exposée le Japon s'exprimerait ainsi pour tout pays industrialisé, les mêmes risques produisant probablement les mêmes effets. C'est précisément la raison pour laquelle la chape du silence s'est mise sur le Japon.

Corinne Lepage au Japon

Les médecins montent des réseaux parallèles

Les médecins n'ont plus le droit de parler et n'osent plus parler. Il semblerait qu'un réseau de pédiatres essaye de se mettre en place, que certains médecins, notamment dans les zones rurales, essayent d'organiser la population de manière à ce qu'elle se protège le mieux possible et qu'un suivi médical puisse être mis sur pied.

Mais tout ceci se fait par une voie citoyenne, par une voie parallèle, j'allais dire occulte, car de manière tout à fait évidente. Les autorités nucléaires ont décidé qu'il n'y aurait pas de connaissances fines et précises des effets épidémiologiques de cette catastrophe.

C'est contre ce mur de silence qu'il convient que, nous tous, nous nous révoltions car il s'agit d'enfants et les enfants de Fukushima pourraient être enfants de Fessenheim, du Bugey ou du Blayet. C'est notre responsabilité de parler, d'agir et d'aider les associations qui se battent avec les plus grandes difficultés sur place.

Chut, le Japon va sortir du nucléaire

En revanche, les autorités japonaises, qui mesurent très probablement leurs limites, même si elles ne peuvent pas l'exprimer, semblent avoir pris une vraie décision : celle de sortir du nucléaire.

En effet, il faut savoir, et cette information est soigneusement cachée en France pour des raisons que chacun peut comprendre, que le Japon a réduit de 28% sa consommation électrique depuis Fukushima et près de 40% dans la région de Tokyo. Il n'y a plus aujourd'hui que 14 réacteurs qui sont en activité sur 57.

Cette réduction massive a été obtenue par un éventail de mesures : par exemple, l'extinction des lumières dans les ministères pendant la journée, l'absence de climatisation (malgré les 38 degrés qu'il faisait à Kyoto voici quelques jours), l'extinction des grandes publicités dans Tokyo le soir ou une organisation différente du système de production industrielle qui travaille en roulement et qui a ainsi permis d'obtenir ce résultat remarquable.

Aussi, quand nous, Européens, nous demandons si nous arriverons à faire moins 20% d'ici 2020, il y a beaucoup à apprendre de nos amis japonais. Le nouveau Premier ministre l'a affirmé lors de sa campagne électorale : le Japon est décidé à ne plus construire de nouvelles centrales nucléaires, ce qui veut dire qu'il va sortir du nucléaire.

Quand ? Cela dépend, bien sûr, des stress-tests qui seront réalisés et de la réouverture ou non des centrales nucléaires fermées aujourd'hui en raison de la maintenance d'ici mars 2012.

Photos : instruments de mesure de la radioactivité ; Corinne Lepage avec les femmes de Fukushima (François Damerval) ; fleurs de cerisier à Tokyo (David Lee/Picasa).

Source : http://www.rue89.com/corinne-lepage/2011/09/02/de-retour-de-fukushima-ou-le-silence-et-les-mensonges-tuent-220331

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