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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 22:36

   23.05.11 | 11h39

Environ 400 spécialités pharmaceutiques – certaines utilisées de façon très courante– contiennent des parabènes.

Environ 400 spécialités pharmaceutiques – certaines utilisées de façon très courante– contiennent des parabènes.AFP/JOËL SAGET

Environ 400 spécialités pharmaceutiques – certaines utilisées de façon très courante– contiennent des parabènes, ces conservateurs dont la toxicité et les effets cancérigènes font l'objet de débats scientifiques et dont l'Assemblée nationale a voté l'interdiction le 3 mai. La liste, établie par Le Monde, comprend aussi bien des dentifrices que des médicaments utilisés en chimiothérapie anticancéreuse.

Parmi les produits les plus courants listés : de nombreux cosmétiques pour bébé ; des crèmes comme la Biafine ; de nombreux sirops contre la toux (Clarix, Codotussyl, Drill, Hexapneumine, Humex, Pectosan, Rhinathiol) ; des pansements gastriques (Maalox, Gaviscon) ; des traitements des troubles du transit intestinal (Motilium) ou des nausées et vomissements (Primpéran) ; les formes en suspension buvable de médicaments cardiovasculaires (Cozaar, Vastarel) ou antibiotiques (Josacine, Zinnat) ; des médicaments contre la douleur et la fièvre (formes génériques d'ibuprofène et de paracétamol) ; les traitements de l'asthénie (Sargenor) ; sans oublier les formes génériques de ces médicaments.

Les parabènes sont présents dans des milliers de produits cosmétiques, alimentaires et dans des médicaments afin d'éviter le développement de champignons et de micro-organismes qui pourraient être nocifs pour l'homme. Les conservateurs ont également pour objectif d'empêcher la dégradation du médicament et la baisse de son efficacité, voire d'éviter sa nocivité.

Le 3 mai, les députés avaient créé la surprise en adoptant, contre l'avis du gouvernement, la proposition de loi de Yann Lachaud (Nouveau Centre, Gard) visant à interdire l'utilisation des phtalates, des parabènes et d'alkylphénols, trois catégories de perturbateurs endocriniens.

Le texte doit encore être voté par le Sénat, mais l'inquiétude règne dans les secteurs industriels concernés, qui se verraient obligés, en cas d'adoption définitive, de trouver des substances de remplacement.

Une étude de toxicologie, menée par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avec le concours de plusieurs laboratoires pharmaceutiques, est en cours. "Les 400 spécialités pharmaceutiques contenant des parabènes, sous forme méthyle ou propyle, concernent environ 80 firmes titulaires d'autorisations de mise sur le marché", estime Vincent Gazin, responsable de l'unité de toxicologie clinique de l'Afssaps et pilote de l'étude en cours, dont les résultats sont attendus pour novembre.

EFFETS TOXIQUES

L'Afssaps s'est penchée sur la question des parabènes dès 2004, notamment à la suite de la publication d'une étude britannique. Une chercheuse de l'université de Reading, Philippa Darbre, et ses collègues avaient retrouvé des parabènes intacts dans des tumeurs du sein, en particulier du parabène de méthyle. "Cela démontre qu'au moins une partie des parabènes présents dans les cosmétiques, l'alimentation et les produits pharmaceutiques peut être absorbée et retenue dans les tissus du corps humains" sans être transformée, estimaient les auteurs.

Ils précisaient cependant que les études menées jusque-là n'avaient pu déterminer la source et le chemin emprunté par les parabènes retrouvés dans des tissus humains. En revanche, ils évoquaient l'hypothèse d'un effet favorisant le développement de cancers par le biais de l'action proche des oestrogènes qu'exercent les parabènes, décrite depuis 1998.

L'étude de Mme Darbre a fait l'objet de critiques, mais l'Afssaps a préféré engager une évaluation de la sécurité d'emploi des parabènes en constituant un groupe d'experts ad hoc dès juin2004. Le Bulletin des vigilances de l'Afssaps, daté de juin 2005, indiquait que les experts avaient conclu que les parabènes "sont peu toxiques et bien tolérés, bien que des réactions allergiques puissent survenir chez certaines personnes".

Néanmoins, le groupe de scientifiques avait relevé que des études avaient "établi que ces conservateurs pourraient être à l'origine d'une faible perturbation du système endocrinien". Ils précisaient que les données disponibles ne permettaient pas de "caractériser ni de quantifier le risque, notamment cancérigène, qui pourrait être associé à la perturbation endocrinienne".

Les experts soulignaient cependant la mise en évidence d'effets toxiques sur la reproduction chez le jeune rat, par une équipe japonaise, ajoutant que ces études "suggèrent un risque potentiel pour la fertilité masculine", observé avec le parabène de propyle mais pas avec la forme méthyle.

"L'évaluation de 2004 avait laissé des zones d'ombre et l'étude japonaise montrant une altération de la fertilité chez le jeune rat présentait des insuffisances. Nous avons donc décidé de refaire une étude chez le jeune rat avec le parabène de propyle", explique M. Gazin. Six laboratoires pharmaceutiques sont parties prenantes de cette investigation, dont le coup d'envoi a été donné en avril 2010.

Reste que si, à eux seuls, les parabènes n'étaient pas à même de perturber significativement le système hormonal, la question resterait posée d'un effet cumulatif avec des expositions à d'autres perturbateurs endocriniens.

Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 24.05.11
Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/05/23/des-parabenes-presents-dans-400-medicaments_1525948_3224.html

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 11:53

MEDIAPART   19 Mai 2011 Par Les invités de Mediapart

Alors que les risques sanitaires liés au téléphone portable sont désormais scientifiquement avérés, Étienne Cendrier, porte-parole de l'association Robins des toits, détaille les nombreux conflits d'intérêts qui minent le secteur au détriment de la santé publique.

L'affaire du Médiator a malheureusement rappelé que la décision publique pouvait être détournée et «captée» par des intérêts privés. Les technologies sans fil présentent le même tableau. En effet, les dangers engendrés par ces technologies sont désormais bien établis. Le rapport BioInitive de 2007 présente une synthèse complète des travaux en ce sens. L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) a elle-même reconnu, dans son rapport de 2009, que des travaux scientifiques à la méthodologie incontestable aboutissaient à la conclusion d'effets néfastes. Enfin, l'étude Interphone parue en 2010 (ouvrir en pdf), montrant une augmentation des cancers du cerveau de 40% chez les «gros utilisateurs» du téléphone mobile, précisément du côté où le téléphone est utilisé, les «gros utilisateurs» étant ceux qui téléphonent... une demi-heure par jour!

Pourquoi a-t-on laissé une technologie dangereuse pour la santé se répandre aussi rapidement sans aucune restriction? La réponse réside d'abord, comme souvent, dans les intérêts financiers. L'Etat n'est pas neutre dans l'affaire, il vend les licences aux opérateurs. La quatrième licence de téléphonie mobile a été vendue pour 206 millions d'euros.

Elle réside ensuite dans les circulations de personnes entre les opérateurs et la sphère de décision publique. Il ne s'agit pas de mettre en doute la probité personnelle de tel ou telle, mais de montrer une stratégie voulue des opérateurs, tendant à l'exercice d'une influence sur la décision publique, par le recrutement d'anciens collaborateurs des décideurs publics. Opérateurs et décideurs publics sont ainsi du même «monde», un «entre-soi» au sein duquel on ne va pas se faire de mauvaises façons.

Le même mécanisme existe au sein du monde médical; l'activisme du professeur Aurengo sur le thème de l'innocuité des ondes pour la santé n'aura échappé à personne. Peu de gens savent peut-être, en revanche, que ce membre de l'Académie de médecine, qui a inspiré les communiqués rassurants de celle-ci, a longtemps été membres du conseil scientifique de Bouygues et de l'Association française des opérateurs mobiles, ainsi que du conseil d'administration d'EDF. La fondation Santé et radio-fréquences, censée étudier les liens entre les ondes et la santé, est financée pour une part significative par les opérateurs, lesquels disposent de sièges au conseil d'administration. Or, le conseil peut, à sa guise, infléchir ou supprimer un programme de recherche. Il n'y a rien d'étonnant, dès lors, à ce que rien de significatif ne soit jamais sorti de cette fondation.

De façon tout à fait éclairante, les seules «brêches» dans le dispositif visant à étouffer la mise en évidence des effets délétères des ondes pour la santé, sont venues de la magistrature, puisque de nombreux jugements, confirmés en appel, ont reconnu le risque et ordonné en conséquence le démontage d'antennes, ou interdit leur installation. Or, les opérateurs n'ont pu prendre pied dans la justice, protégée par des statuts rigoureux.

Mais s'il y a tromperie en France, dira-t-on, les faits devraient être mis en évidence à l'échelon international... sauf que le même mécanisme y est à l'œuvre. Ainsi, Mike Repacholi, coordonateur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) du projet international pour l'étude des champs électro-magnétique, lequel aboutit à des conclusions rassurantes, n'a cessé d'être, à titre personnel, consultant rémunéré par les industries de l'électricité et de la téléphonie mobile.

Le Parlement européen s'est ému, dans sa résolution du 4 septembre 2008, de la montée en puissance des pathologies environnementales, parmi lesquelles l'électrosensibilité. Il a également constaté, dans la même résolution, que les limites d'exposition aux champs électro-magnétiques fixées pour le public sont obsolètes du fait de leur absence de révision depuis 1999. Il a réitéré l'expression de cette préoccupation le 2 avril 2009, soulignant que les compagnies d'assurance excluent le risque sanitaire associé aux ondes, de leurs polices d'assurance. Malheureusement, ces appels à la vigilance n'ont pas trouvé d'écho.

Mais s'il y a scandale, ne peut-on pas compter sur les médias pour les dénoncer? Pas davantage, car là aussi les opérateurs sont très présents, aussi bien auprès des chaînes de télévision dont ils possèdent une partie du capital, que de la presse écrite à qui ils achètent d'énormes espaces publicitaires.

De ce fait, des passages entiers du rapport remis par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le Médiator, pourraient s'appliquer au sujet de la téléphonie mobile: notamment quand l'inspection dénonce «un principe de précaution fonctionnant à rebours». Ainsi, on demande vaguement d'autres études, ce qui permet de gagner plusieurs années pendant lesquelles des millions de forfaits sont vendus.

Théorie du complot? Non. La théorie du complot suppose l'existence de négociations secrètes, d'accords cachés, peut-être réels, mais impossibles à prouver ainsi, d'ailleurs, qu'à réfuter formellement. Ici, les faits, les chiffres, les nominations sont sur la table: tout est public, le conflit d'intérêt est objectif.

Marchands de peur? Non. Lanceurs d'alerte.


Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/190511/conflits-dinterets-au-coeur-de-la-telephonie-sa

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 23:50

18/05/2011 - 18:40

L'émission qui aborde ce mercredi 18 mai un sujet hautement sensible - les dangers des téléphones portables et des antennes relais - ne sera pas suivie de son habituel débat. Son présentateur Samuel Etienne s'explique.
Le débat qui devait suivre la diffusion du documentaire Mauvaises Ondes, dans le cadre de l'émission Hors série de France 3, a dû être annulé, en raison d'un préavis de grève qui n'a pris fin qu'hier soir. Certaines rumeurs couraient sur l'existence de pressions. Le caractère délicat du sujet abordé (les dangers des ondes émises par les antennes relais et des portables) a effectivement poussé les opérateurs de téléphonie mobile à tenter d'empêcher la tenue des discussions. Mais ce n'est apparemment pas la raison de l'annulation de la seconde partie de Hors série.

Contacté par nos soins, le présentateur Samuel Etienne s'explique : "Il est vrai que certains avaient envie que ce débat n'ait pas lieu. Mais s'il est annulé, c'est pour des raisons techniques. Le préavis de grève a été levé trop tard hier soir pour que l'on puisse caler une équipe de réalisation et monter un décor. J'étais furieux parce que l'équipe avait fourni un gros travail pour ce débat."

Réussir à rameuter quatre participants n'a effectivement pas été une partie de plaisir. Les représentants des opérateurs de téléphonie mobile ont refusé de venir et ont fait le maximum pour dissuader la chaîne d'organiser la discussion. Samuel Etienne lui-même fait état "de nombreuses lettres" reçues par France 3 pour empêcher la tenue du débat. C'est finalement un mouvement social qui en aura eu raison. Dommage.
 Pierre Morel

Source :    http://www.tele-2-semaines.fr/contenu_editorial/pages/echos-tv/8561-france-3-pourquoi-hors-serie-a-ete-privee-de-debat


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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 20:33

20minutes.jpg   Créé le 17/05/2011 à 18h15 -- Mis à jour le 17/05/2011 à 18h20

 

*Mauvaises ondes, réalisé par Sophie Le Gall, mercredi 18 mai à 20h35 sur France 3.

 

L’émission sera rediffusée samedi 21 mai à 2h25.

Voir la vidéo sur France 3

 Antennes relais, wifi, téléphones mobiles… Ils peuplent notre quotidien et sont l’objet de nombreuses inquiétudes. France 3 diffuse mercredi soir Mauvaises Ondes*, un documentaire de 90 minutes qui montre comment l’industrie du téléphone mobile s’est imposée face aux scientifiques.

«J’ai voulu comprendre le fonctionnement de la recherche sur cette question», explique Sophie Le Gall, la réalisatrice. Une partie des études qui démontrent un danger potentiel. A l’aide d’expériences sur des rats, elles prouvent que les ondes peuvent favoriser le développement des tumeurs cancéreuses ou endommager les neurones. Mais elles n’ont jamais abouti, voyant leurs crédits coupés ou leur publication mise en péril.

D’autres chercheurs assurent qu’il n’y a aucun risque pour la santé certifié à ce jour. Mais leurs liens avec les opérateurs comme SFR, Orange ou Bouygues rendent leurs conclusions douteuses. Problème: ces mêmes experts sont missionnés par l’Etat pour édicter les normes à respecter. «Des normes pour protéger l’industrie plutôt que la santé publique», conclut le documentaire.

Les opérateurs n'ont pas voulu témoigner

Pour réaliser ces 90 minutes, Sophie Le Gall a enquêté six mois. Elle a retrouvé la trace de familles ayant vécu à proximité d’antennes relais, et dont les enfants sont tombés malades. Elle a aussi fait témoigner de nombreux chercheurs. «C’était un travail de longue haleine pour les convaincre. Certains n’ont pas voulu parler à visage découvert, par peur des représailles.»

Les seuls absents sont les principaux concernés, les opérateurs. «Ce qu’ils craignent le plus, c’est la médiatisation de cette question.» Non seulement ils refusent de répondre, mais ils imposent le silence aux autres. Certains scientifiques se plaignent de menaces de mort, des parents d’enfants malades expliquent qu’on a essayé d’acheter leur silence… La journaliste assure n’avoir de son côté subi aucune pression. «Mais je n’imagine pas mon documentaire diffusé ailleurs que sur une chaine du service public.»

*Mauvaises ondes, réalisé par Sophie Le Gall, mercredi 18 mai à 20h35 sur France 3.

 Yona Helaoua

Source : http://www.20minutes.fr/article/725588/mauvaises-ondes-documentaire-accable-lindustrie-telephonie-mobile

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 23:25

France Info   Mercredi 4 mai

France Info - Les cosmétiques seront les premiers visés par cette interdiction. - © Clivia - Fotolia.com

Les cosmétiques seront les premiers visés par cette interdiction.
© Clivia - Fotolia.com

 

A la surprise générale l’Assemblée a adopté une proposition de loi du Nouveau centre interdisant l’utilisation des phtalates et parabènes. Un vote qui n’est pas anodin puisque ces substances sont présentes dans de nombreux produits quotidiens. Déjà interdits dans les jouets pour enfants, le gouvernement voulait attendre avant de les interdire plus largement.
Depuis plusieurs années, ces substances chimiques étaient dans le viseur des associations de consommateurs. Plusieurs études scientifiques ont en effet montré que les phtalates avaient "des effets délétères sur la mise en place du potentiel reproducteur masculin dans l’espèce humaine" .

Le Nouveau Centre s’est donc saisi du sujet et a proposé une loi les interdisant. Surprise : ce texte rejeté en avril en commission des Affaires sociales vient d’être adopté. Contre toute attente et surtout contre l’avis du gouvernement.
Le résultat du vote (236 voix contre 222) a été accueilli par des applaudissements à gauche de l’hémicycle.

Question : que va-t-il se passer maintenant ? Car phtalates et parabènes sont présents dans de très nombreux produits : emballages, adhésifs, peintures, vernis à ongles, laques pour les cheveux, parfums... Le gouvernement voulait attendre les résultats d’analyses scientifiques prévus pour la fin de l’année avant de légiférer. Il va falloir accélérer le mouvement...

Caroline Caldier, avec agences

SOURCE :  http://www.france-info.com/france-societe-2011-05-03-phtalates-et-parabenes-interdits-par-la-loi-533989-9-12.html

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 12:36

Accueil   Par François Krug | Eco89 | 25/04/2011 | 09H57

Sur les iPhone d'Apple, un fichier caché enregistre tous les mouvements de l'utilisateur pendant près d'un an. Les téléphones équipés du système Android de Google sont munis d'un fichier similaire. Ces découvertes relancent le débat sur la protection de la vie privée : Apple et Google cherchent-ils à nous faciliter la vie ou à nous fliquer ?
Que les portables soient géolocalisés, ce n'est pas une découverte : pour relayer les appels, les opérateurs téléphoniques ont besoin de nous situer par rapport aux relais les plus proches. Le débat sur la protection de ces données n'est pas nouveau non plus, même si celle-ci est garantie par la loi.

Cette fois-ci, il ne s'agit pas de données transmises dans les airs aux opérateurs, mais stockées physiquement sur le téléphone. Et même sur l'ordinateur avec lequel l'appareil est synchronisé.

Bizarrement, Apple et Google n'avaient pas jugé utile de mettre le grand public au courant de l'existence de ces fichiers. Les deux mastodontes sont justement connus pour leur goût du secret. De quoi renforcer immédiatement les soupçons.

D'autant que ces données sont très peu protégées. Le fichier caché d'Apple peut ainsi enregistrer les déplacements pendant près d'un an, mais il n'est même pas crypté. Il suffit d'emprunter ou de voler le téléphone ou l'ordinateur d'un utilisateur pour retracer sa vie privée. Mais est-ce vraiment le seul risque ?

Que trouve-t-on dans les fichiers cachés ?
On doit la révélation du fichier caché d'Apple à deux experts de la marque, Alasdair Allan et Pete Warden. Ils l'ont découvert par hasard, en décortiquant leurs iPhones et en y trouvant un fichier baptisé « Consolidated.db » : à quoi pouvait-il bien servir ?

Ils ont dévoilé la réponse mercredi sur le site Radar : « Consolidated.db » enregistre la localisation de l'iPhone lorsqu'il passe près d'antennes relais ou de réseaux WiFi. Et il peut stocker un nombre impressionnant de données. Au minimum dix mois d'allées et venues. Apple l'a installé sur les appareils équipés du système d'exploitation iOS4, lancé en juin 2010. Toutes les données récoltées depuis sont stockées sur le fichier.

Si vous possédez un iPhone, vous pouvez facilement faire l'expérience. Et pas besoin d'être un « geek » : Allan et Warden ont mis en ligne une application dénichant les données et les situant immédiatement sur une carte, une fois l'appareil branché sur votre ordinateur. Comme plusieurs riverains, je l'ai testée. Le fichier a une meilleure mémoire que moi : j'avais presque oublié ces escapades au bord de la mer et dans la région lyonnaise remontant à l'été dernier. (Voir la capture d'écran)

Les déplacements de François Krug selon l'application iPhone Tracker.

Une nouvelle preuve de la naïveté des adulateurs d'Apple, ont rigolé les critiques de la marque. Ils n'ont pas souri très longtemps. Vendredi, le Wall Street Journal révélait que Google avait installé un fichier similaire dans son système d'exploitation Android, adopté par Samsung, Motorola ou encore Sony Ericsson.

Le fichier d'Android se contente, lui, d'enregistrer les 200 dernières antennes relais et les 50 derniers réseaux WiFi croisés sur son chemin. Et pour y accéder, la manœuvre est plus compliquée : contrairement à l'iPhone, impossible d'y accéder directement en branchant son téléphone sur son ordinateur. L'ex-hacker Samy Kamkar, qui a découvert le fichier d'Android, a lui aussi mis au point une application permettant d'accéder aux données.

Les échelles sont différentes, mais le problème est là : Apple et Google contrôlant l'essentiel du marché, la plupart des smartphones enregistrent les mouvements de leurs utilisateurs à leur insu. Dans quel but ?

A quoi servent ces données ?
Ce n'est pas la première fois qu'on accuse Apple et Google de jouer à Big Brother. Leur business repose en grande partie sur la collecte de données. Et sur la discrétion : pas question de révéler les secrets de fabrication de leurs produits.

L'inquiétude suscitée par le mystérieux fichier d'Apple agace pourtant plusieurs spécialistes. Comme Alex Levinson, qui assure sur son blog que « ce fichier caché n'est ni nouveau, ni secret ». Au passage, petit règlement de comptes entre geeks : lui, il connaissait l'existence du fichier depuis l'an dernier mais il n'en avait pas fait toute une affaire.

Cela n'explique ni à quoi sert ce fichier, ni pourquoi Apple n'en parle jamais. Le blog GadgetLab du magazine Wired s'est donc penché sur ces deux questions. Et ses réponses mettent à mal la théorie du complot : Apple n'a jamais caché l'existence de ce fichier, il n'a simplement pas jugé utile d'en parler au grand public.

L'an dernier, le Congrès américain s'était déjà inquiété de la protection de la vie privée des utilisateurs de l'iPhone. Et dans une longue lettre, Apple lui avait fourni une réponse détaillée, mais passée inaperçue :

oui, l'iPhone enregistre la localisation des antennes relais et des réseaux WiFi ;
ces données sont enregistrées uniquement si l'utilisateur a autorisé la localisation dans les réglages de l'appareil ;
ces données sont bien envoyées à Apple, toutes les douze heures, mais elles resteraient anonymes et ne lui permettraient pas d'identifier l'utilisateur ;
la base de données ainsi constituée chez Apple permettrait de repérer plus facilement l'utilisateur, et donc d'améliorer les performances des applications qu'il utilise (par exemple, lorsqu'il cherche son itinéraire sur un plan).
La justification est identique pour Android et Google : en somme, il s'agirait simplement de rendre les smartphones encore plus « smart ». Et il n'y aurait aucune raison de s'effrayer.

Cela n'explique pas tout. Si Apple met à jour les informations toutes les douze heures dans sa base de données, quel est l'intérêt de les stocker physiquement sur l'iPhone, qui plus est pendant près d'un an ? La lettre envoyée au Congrès ne l'explique pas. Pour certains spécialistes, ce ne serait qu'un bug, une bourde sans grandes conséquences.

Peut-on protéger ses données ?
L'affaire aura au moins appris aux utilisateurs de smartphones qu'ils sont suivis à la trace, pas seulement par leurs opérateurs téléphoniques. Et qu'ils l'avaient accepté sans faire attention : la géolocalisation est évoquée discrètement dans les conditions d'utilisation, ces documents qu'on ne lit jamais vraiment jusqu'au bout.

Les utilisateurs de l'iPhone ou d'un téléphone Android peuvent mettre fin assez facilement au pistage. Pour l'iPhone par exemple, cliquez sur l'icône « Réglages », puis sur « Services de localisation » : si cette case affiche « oui », il suffit de la décocher.

Selon Apple et Google, l'affaire se limite donc au choix de l'utilisateur et, de leur part, à une volonté de bien faire et de rendre service. Ils oublient qu'il s'agit aussi d'un problème de sécurité.

L'autre solution pour protéger cette partie de sa vie privée, c'est donc de se montrer prudent. Et d'éviter qu'un voleur ou qu'un conjoint jaloux mette la main sur son iPhone, son téléphone Android ou son ordinateur…

Illustration : les déplacements de François Krug selon l'application iPhone Tracker.

Source :   http://www.rue89.com/explicateur/2011/04/25/smartphones-mouchards-que-nous-veulent-apple-et-google-201180

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 22:17

Marianne2      Clotilde Cadu et Jean-Claude Jaillette - Marianne | Dimanche 17 Avril 2011 à 12:01 | Lu 6754 fois.

Les victimes du Mediator se heurtent de plus en plus souvent au mutisme de leurs médecins, réticents à leur communiquer leur dossier médical.

 

(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)

(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)

Elle voulait porter plainte contre le laboratoire Servier. Simplement demander réparation au fabricant du Mediator et de l’Isoméride, médicaments qu’elle a consommé pendant des années. Elle s’était dit que son médecin, celui qui lui avait prescrit les pilules aujourd’hui maudites, allait l’aider à reconstituer son dossier médical. Au lieu de lui fournir les ordonnances qu’il lui avait rédigées, son toubib l’a sèchement réprimandée, lui expliquant que Servier se retournerait contre elle pour lui demander des dommages et intérêts, et qu’il lui faudrait vendre sa maison pour les payer… Du coup, Annie*, découragée, a préféré laisser tomber. Et ils sont nombreux les patients qui comme Annie se heurtent à une fin de non-recevoir de la part de leur toubib.

Craignant sans nul doute d’être tenus pour responsables dans ce scandale sanitaire, les médecins se couvrent. Semblent frappés d’amnésie dès qu’il s’agit du Mediator. « C’est toujours très compliqué d’avoir les dossiers médicaux », se désole Christine Ravaz, avocate de victimes du Mediator. « On sent qu’ils ont peur que l’Office nationale d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM, qui devrait indemniser les victimes avant de se faire rembourser par le ou les responsables du drame, nldr) se retournent contre eux ». Les services du ministère de la Santé ont reçu plusieurs signalements similaires et ont fini par saisir par un courrier du 3 février la Caisse nationale d’assurance maladie, le Conseil de l’Ordre des pharmaciens ainsi que les organisations syndicales de médecins « afin qu’ils sensibilisent fortement les agents, pharmaciens ou médecins concernés à la nécessité de communiquer toutes les informations aux personnes qui viendraient les consulter au sujet de leur prise passée de produits contenant du benfluorex », la substance active du Mediator.

Et Dieu sait qu’il y a du boulot en la matière ! « Dès que j’ai eu connaissance du scandale du Mediator par la télévision, j’ai consulté mon médecin traitant pour lui faire connaître que j’avais pris ce médicament. Sa réponse a été "ça, on oublie" », raconte une victime. A une autre, on refuse un contrôle cardio-vasculaire ou hépatique « car Mediator n’est qu’une vaste intoxication médiatique ». « Je suis quand même déçu de notre médecin traitant qui ne veut rien entendre depuis novembre 2010 et qui fait la politique de l’autruche », écrit un patient au docteur Irène Frachon, la pneumologue qui a lancé l’alerte sur le Mediator. « Je lui ai fait part du traitement que j’ai suivi durant 9 ans, Mediator, mais il n’a pas voulu en tenir compte, en disant qu’il ne fallait pas rendre ce médicament responsable de tout ».

Reste que cette stratégie de non-communication semble faire les affaires du laboratoire. Car sans document, pas d’expertise. Et sans expertise, pas d’indemnisation… A moins d’une semaine d’une expertise judiciaire, l’avocate de Servier a ainsi demandé le report de l’examen au motif qu’ « aucune pièce ne nous a été communiquée à ce jour »… « On a arrêté de chercher les responsabilités dans cette affaire. Qui est responsable de quelle partie ? On ne sait pas. Et déjà on se tourne vers le petit bouc émissaire, le prescripteur », explique Claude Leicher, président du syndicat MG France, refusant que la profession endosse toute la responsabilité. Qui devra au final payer ? L’ONIAM aura la lourde tâche de le déterminer. Reste qu’en attendant, ce sont bel et bien les victimes qui trinquent. 

* le prénom a été changé

Source :  http://www.marianne2.fr/Mediator-comment-on-decourage-les-victimes-de-porter-plainte_a205041.html

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 21:55

francesoir.jpg   

Des victimes du Mediator vont porter plainte contre leur médecin traitant qui ne veut pas leur fournir leur dossier médical. En effet, sans preuve, les malades ne peuvent pas prouver la prise du médicament.

Le scandale du Mediator continue de faire parler de lui. Alors que l'Etat va créer un fonds d'indemnisation pour les victimes, certaines d'entre elles vont porter plainte contre leur médecin traitant puisque celui-ci ne veut pas leur fournir leur dossier médical. Et tout pourrait aller très vite.

En effet, une première plainte pourrait être déposée la semaine prochaine dans le Var. Ces personnes ont décidé de faire appel à la justice parce que leur médecin refuse de communiquer leurs dossiers médicaux. Or, pour être indemnisé comme les autres victimes du Mediator, il faut pouvoir prouver, ordonnances à l’appui, que l’antidiabétique des Laboratoires Servier également utilisé comme coupe-faim a bien été prescrit. Une étape indispensable pour pouvoir faire le lien avec les pathologies dont ils souffrent et la prise du fameux médicament. 

« Le patient a le droit d’obtenir la communication intégrale de son dossier, explique sur Europe 1 leur avocate Me Christine Ravaz. Est-ce que les médecins cherchent à se couvrir de leurs responsabilités ? Le Mediator était uniquement autorisé pour les diabétiques de type 2, mais des médecins l’ont souvent prescrit comme coupe-faim, sans indiquer sur l'ordonnance que la prescription était hors autorisation de mise sur le marché. » Christine Ravaz a également saisi le ministre de la Santé Xavier Bertrand.

De son côté, Nicolas Godefroy, responsable juridique à l'UFC-Que Choisir, en charge notamment du dossier Mediator, a indiqué ce vendredi matin sur Europe 1 que son association souhaitait « très clairement engager la responsabilité de Servier » et pas forcément celle des médecins généralistes qui ont prescrit le médicament.

Par Actu France Soir
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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 22:39

logo20minutes-copie-1.jpg   Créé le 12.04.11 à 19h12 -- Mis à jour le 12.04.11 à 19h40

 

PARIS - Des scientifiques accusent les autorités politiques de ne rien faire, en dépit "des preuves" qu'ils avancent, face à la menace que fait peser la pollution sur la santé des enfants et donc sur les générations à venir.

L'Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac) réunit mardi et mercredi à Paris le 3ème colloque de l'Appel de Paris, lancé en 2004 par le cancérologue Dominique Belpomme. Cet appel souligne le lien entre dégradation de l'environnement et maladies chroniques, relève l'impact de la pollution chimique, "menace grave pour l'enfant", craignant par voie de conséquence la mise en péril de l'espèce humaine.

Il a été signé par plusieurs milliers de scientifiques de différents pays, les conseils de l'ordre des pays de l'Union européenne, 1.500 ONG et près de 300.000 citoyens.

300 pédiatres, gynécologues, obstétriciens, chercheurs et professionnels de la santé participent à ce colloque réuni à la Maison de l'Unesco et centré sur l'impact de la pollution sur les enfants, particulièrement vulnérables. Il a été ouvert par des représentants de l'Organisation mondiale de la santé et de l'Agence européenne de l'environnement.

Bisphénol A, pesticides, alliages dentaires au mercure, phtalates, oxyde d'éthylène (dans des tétines de biberons), champs électromagnétiques, toutes les sources de pollution connues touchent directement ou indirectement le foetus et l'enfant, ont relevé plusieurs scientifiques devant la presse.

Ces pollutions sont selon eux à l'origine de la montée de maladies telles que cancers (1% de hausse des cas infantiles chaque année), diabète, obésité, allergies, autisme, maladies neuro-dégénératives.

"Il y a une programmation très précoce de ce qui va se passer à l'âge adulte", a souligné le Pr Patrick Fenichel (Inserm), endocrinologue.

Parmi d'autres maladies, "les découvertes récentes sur des modèles animaux font pressentir que la première étape du cancer du sein intervient au stade foetal", a noté le Pr Belpomme.

En dépit de ces "preuves et arguments", "il n'y a pas de traduction politique de cette inquiétude que nous véhiculons", a fait valoir Charles Sultan, professeur de pédiatrie à Montpellier. "L'action politique est beaucoup trop lente", a renchéri Genon Jensen, directrice exécutive de l'Alliance pour la santé et l'environnement (Heal), pour qui "il faut des changements immédiats".

Elle a suggéré d'interdire le BPA dans l'emballage des produits alimentaires, et de défendre la nécessité d'une réduction du risque environnemental, lors du sommet sur les maladies chroniques en septembre à New York.

"Beaucoup de résultats de recherches scientifiques ont été mis sur la table, aucun politique ne peut dire aujourd'hui +nous ne savions pas+", a relevé le député luxembourgeois Jean Huss, membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. "Un jour cela va poser un problème à l'espèce, cela n'est pas anodin", a fait valoir Patrick Fenichel.

Plusieurs scientifiques ont évoqué des solutions comme le recours à des produits de substitution ou l'utilisation de nouvelles technologies. Pour le Pr Belpomme, il faudrait inclure la santé dans le principe de précaution qui ne concerne à ce jour que l'environnement. Cela donnerait un argument juridique aux victimes de pollution.

Source :  http://www.20minutes.fr/article/705443/planete-pollution-environnementale-scientifiques-inquiets-impact-enfants

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 16:43

Accueil   Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 04/03/2011 | 11H36

Celle qui a révélé le scandale fustige « la violence des labos » contre laquelle de meilleurs contrôles doivent nous protéger. Entretien.

 

Irène Frachon (Jean-Claude Coutausse).

 

Elle est celle sans qui le scandale du Mediator serait resté étouffé. Le docteur Irène Frachon, pneumologue à Brest, tente de tirer les premières leçons de l'affaire, après l'audition de Jacques Servier par la mission d'enquête parlementaire.

Rue89 : Avec du recul, arrivez-vous à identifier ce qui n'a pas fonctionné dans la chaîne de décision  ?

Irène Frachon : Il se peut que des responsabilités individuelles soient identifiées plus tard, mais pour l'instant je n'en vois pas apparaître de façon indiscutable.

Je vois un problème systémique, qui a trait à la sociologie : on s'aperçoit que notre système sanitaire est incapable de protéger nos concitoyens de la violence prédatrice d'un laboratoire privé.

Cette violence peut être physique lorsqu'elle s'exerce par la destruction des valves du cœur comme dans l'exemple du Mediator, psychologique lorsque les victimes sont obligées de porter plainte individuellement dans des procédures traumatisantes qui peuvent durer des années, économique quand un laboratoire peut siphonner la Sécurité sociale, faire du business y compris au risque de la vie des gens.

Que vous a inspiré l'audition de Jacques Servier – fondateur du laboratoire éponyme qui a fabriqué le Mediator – par la mission d'information parlementaire ?

D'après ce qu'on m'en a rapporté, je constate l'usage d'un discours formaté, avec les éléments de langage comme on dit, qui s'appliquent aussi bien à l'affaire du Mediator en général qu'à des cas particuliers de victimes.

Par exemple, Servier affirme que le Mediator n'est pas un anorexigène mais un antidiabétique. C'est comme de dire que la dame qui a fait une valvulopathie avait des problèmes cardiaques avant de consommer du Mediator alors que ces « problèmes » sont insignifiants… tout comme est insignifiante l'action antidiabétique du Mediator, puissant anorexigène !

C'est de la manipulation mentale qui joue sur les mots et l'inculture médicale des interlocuteurs.

Vous parlez de la patiente qui a fait un arrêt cardiaque après une expertise éprouvante.

Oui, cette dame était ma patiente à Brest. C'est un cas d'école car on a la chance d'avoir ses échographies avant la prise du médicament.

Son cœur était qualifié d'un peu « globuleux » selon une échographie cardiaque de 2005, mais fonctionnait bien et ses valves étaient normales. Elle prend du Mediator en 2006, un an plus tard, des petites fuites apparaissent au niveau des valves, elle poursuit avec le Mediator, deux ans plus tard ses valves sont détruites.

Après que ses valves ont été changées lors d'une opération en 2009, trois spécialistes du cœur observent des lésions typiques liées au Mediator. Tous les critères classiques d'imputabilité sont présents.

Qu'attendez-vous du laboratoire Servier ?

Servier nie l'évidence et se focalise sur un détail insignifiant, l'art de l'enfumage. Servier fait diversion pour que les experts oublient l'essentiel. C'est ainsi qu'ils ont fait oublier pendant 35 ans que le Mediator était de la fenfluramine.

Ils disent que le rapport de l'Igas comporte des éléments manquants (3 000 pages d'annexes quand même ! ), mais ils auraient pu demander à être entendus. Ils prétendent systématiquement de la même façon que les dossiers des malades sont incomplets alors qu'il s'agit d'éléments sans pertinence. Quand ils viennent à l'Assemblée nationale, ils demandent le huis clos et ne viennent sans aucun élément nouveau.

On n'attend qu'une chose pour avoir un vrai débat contradictoire, ce sont des éléments scientifiques publiés pour dire que ce n'est pas un anorexigène mais un antidiabétique ou discuter du nombre des morts.

D'où vient le chiffre de 38 morts avancé par Servier ? Jacques Servier a reconnu devant les députés que les trois morts évoqués lors de la cérémonie des vœux du 1er janvier relevaient de son « intime conviction », avouez que c'est léger comme argument scientifique !

Il est sûrement difficile pour l'inventeur d'une molécule de se rendre compte que non seulement elle n'a pas d'intérêt médical mais qu'en plus elle peut être toxique. Mais le progrès scientifique dépend de la capacité à reconnaître ses erreurs pour les dépasser.

 

Dessin de Baudry

Comment Servier a-t-il réussi à créer un écran de fumée tel qu'il n'a pas permis aux experts de réaliser que le Mediator n'était rien d'autre qu'un anorexigène  ?

L'éventail de réactions lors des auditions est très large : ça va du discours purement «  administratif  » et finalement glaçant d'un Jean Marimbert [limogé de la direction de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), ndlr], qui semble ignorer la réalité corporelle des victimes, à la reconnaissance lucide et fataliste de cette impuissance, en passant par des refus des responsabilités… mais on sent qu'on n'a pas toutes les pièces du puzzle.

Comment la mise sur le marché du Mediator a-t-elle seulement été possible  ?

A l'époque, les autorisations de mise sur le marché étaient essentiellement obtenues par des données pharmacologiques et non cliniques : on faisait des manipulations en laboratoire et on transposait les résultats chez l'homme. Or, les effets sur le rat et sur l'homme ne sont pas les mêmes.

Aujourd'hui, ça a changé. Les données sont toujours fournies par le labo, mais il faut des études cliniques réalisées sur des malades, très encadrées, comparatives, tirées au sort et en double aveugle.

Ce qui importe, ce sont les inspections de l'Afssaps pour contrôler la validité de ces études. Il faudrait d'énormes moyens de contrôle, comme ceux de la FDA aux Etats-Unis, du moins je crois.

Je ne me suis toujours pas remise du fait que les pharmacologues de l'Afssaps savaient depuis 1998 que le principe actif du Mediator était la norfenfluramine [molécule proche de l'amphétamine, ndlr]. Soit c'est absurde, soit c'est de la corruption, je n'ai toujours pas de réponse.

Pourquoi les « lanceurs d'alerte », comme vous, ou la revue Prescrire n'ont-ils pas été entendus  ?

Les experts se disent que ces molécules ne valent pas grand-chose, alors ils les négligent, sans réaliser que cinq millions de personnes ont été exposées.

L'Afssaps a tout le temps peur de perdre des procès contre les labos, c'est son cauchemar, donc elle recule sans cesse, attend les études pendant des années, en mettant de côté la santé des patients. Sans compter les vraies taupes envoyées par les laboratoires, des gens qui infiltrent des assemblées et peuvent se transformer en poison sans que les autres ne s'en rendent compte.

A-t-on voulu vous faire taire  ?

"Médiator, 150 mg, combien de morts ?" d'Irène Frachon.

En juin 2010, la publication de mon livre a été censurée, et j'ai lu des paroles désagréables et agressives sur moi de la part de membres de l'Afssaps (« petit soldat narcissique »), me menaçant de diverses représailles dont m'a protégée le député Gérard Bapt.

Il faut dire qu'un livre aussi frontal c'est quand même rare. Le milieu médical a bien verrouillé la parole, et les gens étaient stupéfaits de mon toupet.

J'ai eu de la chance que Xavier Bertrand ait pris la suite de Bachelot, je ne suis pas sûre qu'elle ou son cabinet auraient eu la même aptitude au dialogue.

Que pensez-vous des propositions de réforme du ministre ?

Le numéro 8 de Rue89 Le Mensuel (mars 2011).Les propositions de Xavier Bertrand sont ambitieuses, mais la résistance en face est colossale. La transparence est une condition nécessaire mais insuffisante. L'essentiel, c'est l'indépendance de l'expertise et des médecins, il faut financer un vrai contrôle des études cliniques, des experts indépendants et payés, une formation médicale sans les lobbys pharmaceutiques.

Cette interview figure au sommaire du dossier dunuméro 8 de Rue89 Le Mensuel (mars 2011) « Comment les labos achètent l'info ». Elle a été complétée des dernières actualités sur ce sujet.

Photo et illustration : Irène Frachon (Jean-Claude Coutausse) ; dessin de Baudry

Source : http://www.rue89.com/2011/03/04/mediator-irene-frachon-denonce-servier-ou-lart-denfumer-193273

 

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